Scènes

Jazz Hot éclectissime

Dix jours durant, le Hot Club de Lyon s’installait en festival. Comme une leçon ou une rétrospective : du New-Orleans à la fusion la plus expérimentale, cette manifestation n’a laissé aucun genre de côté, quitte à perdre de sa visibilité.


Dix jours durant, le Hot Club de Lyon s’installait en festival. Comme une leçon ou une rétrospective : du New-Orleans à la fusion la plus expérimentale, cette manifestation n’a laissé aucun genre de côté, quitte à perdre de sa visibilité.

Quel rapport entre le Happy Stompers Big Band, task force concentrée de dix-sept musiciens acquis une fois pour toutes à la cause du swing, et le trio RYR, membre du Grolektif, attendu un soir au Hot de la rue Lanterne ? À peu près aucun, si ce n’est qu’ils sont tous deux, comme beaucoup d’autres, à l’affiche de ce quatrième festival du Hot-Club de Lyon.
Une édition en effet éclectique qui passe en revue toutes les formes de jazz, des plus repérables - traditionnelles, voire passéistes ou irrémédiablement nostalgiques - jusqu’aux plus nouvelles, pas forcément novatrices, mais en tout cas dérangeantes.

En guise de décapage, on recommandera cette soirée du samedi 28 février 2009, qui programmait tour à tour RYR (deux saxophones et une batterie), et Aka Moon, en provenance de Bruxelles. RYR tente à sa façon de renouveler un genre délicat où l’improvisation règne en maître, où l’on ne s’interdit aucune incursion dans d’autres musiques, d’autres influences. Aka Moon va encore plus loin dans la volonté de frotter sa musique à des sources externes. Toujours en trio, cette formation emprunte ou synthétise des influences disparates dans un langage jamais anodin.

Il y aura des soirées moins inattendues : le festival faisait cette année la part belle au genre manouche, que ce soit au Hot, avec le Djivilli Quartet, enthousiaste (deux guitares, un violon, une contrebasse) et la Petite épicerie (qui offrait son disque à l’entrée) ou, en final, à la salle Molière avec le Sinti Swing Trio + Timbo Mehrstein et les Doigts de l’Homme, une formation déjà familière, empilant quarante doigts espiègles dont trente sur des guitares et dix sur une contrebasse. Dans un autre genre, on n’omettra pas la soirée consacrée au Gaël Horellou Quartet (qui sortait ce soir-là son album Pour la terre) et celle en hommage à Fela Kuti réunissant le Hot Club Afrobeat Orchestra. Enfin, est-il besoin encore de présenter Ludovic Yapoudjian qui jouait le 26, en trio. Le lendemain, Michel Quéraud (complice de Marc Laferrière) donnait au Lyon Washboard quelques sueurs musicales bienvenues.

Toutefois, on a été plus attentif à la soirée vocale, qui accueillait Claire Geraghty (plus le trio d’Olivier Truchot et Jon Boutellier) et Denzal Sinclaire, émule des grands crooners, qui n’omet d’ailleurs pas d’en appeler à Nat King Cole et a le bon goût d’être pour une large part, inédit à Lyon. Il était ce soir-là en trio sur la scène de la salle Molière, concluant ainsi une décade hétérogène mais digne reflet du Hot - soixante ans de carrière.