Scènes

Jazz à Vienne 2011 - 3


  • Mountain Men : première révélation du Festival 2011.

Tout festival de Jazz qui se respecte se doit de révéler de nouveaux talents. C’est le cas avec Mountain Men lors de troisième soirée de Jazz à Vienne consacrée à la soirée « blues ». Ce duo ne vient pas du fin fond des Appalaches ou des Rocheuses, mais des Alpes, et plus précisément de Grenoble. Une belle découverte !

Les trois groupes de la soirée se révèlent tous excellents mais entre la chanteuse Susan Tedeschi, originaire du Massachusetts, en troisième partie, puis Robert Randolph à la steel guitar en deuxième, c’est le premier groupe, Moutain Men, qu’ovationnera le plus le public. Il est vrai qu’il met rapidement le feu au Théâtre antique. Né en 2006, ce groupe « régional de l’étape » qui se taille un plus franc succès rassemble un Australien à l’humour britannique, Ian Giddey, dit « Barefoot Iano », harmoniciste installé depuis longtemps en France et qui a notamment accompagné Graeme Allright, et Matthieu Guillou, dit « Mister Mat », véritable homme-orchestre resté fidèle aux pionniers du vieux blues. Il joue (fort bien) de la guitare acoustique ou de la slide, et chante d’une voix rocailleuse, bluesy à souhait, tout en marquant le tempo sur une stompbox. Non seulement les deux compères renouent de manière étonnante avec le blues du Deep South, mais ce sont des showmen remarquables qui, via l’humour, savent d’emblée créer le lien avec le public et susciter une ambiance d’enfer. Avec eux, pas question de rester inerte sur son bout de gradin. Ajoutons que le mythique US Blues Magazine a sélectionné leur récent Spring Time Coming dans la catégorie « Meilleur album Blues 2010 ».


  • Blues new generation

Outre la révélation Mountain Men, la soirée blues du 1er juillet permet d’aborder deux facettes de ce que l’on pourrait surnommer « le nouveau blues », incarné par une toute nouvelle génération aux dents longues et au swing affûté : Robert Randolph un as de la steel guitar, la chanteuse Susan Tedeschi qui, par certains côtés, fait penser à Janis Joplin, et le guitariste Derek Trucks et son son « poids lourd ».

La steel guitar (ou guitare à pédalier) est bien une guitare, avec des cordes métalliques, mais qui se joue à plat. Robert Randolph, qu’on a encore eu peu l’occasion d’entendre à Vienne, est ce soir là sur la scène du Théâtre antique, en deuxième partie de la soirée blues. La steel est beaucoup utilisée dans le gospel car avec ses glissandos, ses sons interminables, elle sait provoquer l’émotion. Accompagné d’une formation aguerrie, The Family Band, Randolph - qui a été nourri au son de cette guitare dans l’église de son enfance - y ajoute des influences rock et jazz pour offrir une musique certes assez brute mais qui swingue et sait susciter une écoute fervente, notamment grâce à une bonne dose de glissandos sur le célèbre « Voodoo Child » de Jimi Hendrix, qui fait trembler d’émotion les gradins.

La soirée blues se termine avec une formation d’une douzaine de musiciens à la lisière du rythm’n’blues, du blues et de la country menée à la fois par la chanteuse Susan Tedeschi et par Derek Trucks. La belle Susan possède la voix de l’emploi, à la fois rauque et suave, tandis que son compagnon à la vie comme à la scène, le guitariste Derek Trucks débite les notes à la vitesse d’un poids lourd sur la route 66, en s’appuyant sur une section de cuivres efficace.

Deux groupes très différents, mais illustrant la richesse de la nouvelle génération blues qui conserve les codes tout en explorant d’autres horizons sonores.