Scènes

Jazz à Vienne 2012 (2) - 29 juin

La première vraie soirée de Jazz à Vienne a éyté marquée par une belle communion entre le public et les artistes : Bobby McFerrin et Chick Corea pour commencer, puis l’étonnant Richard Bona en seconde partie.


Vendredi 29 juin : Bobby, Chick et Richard : public en communion lors de la première soirée

Bobby McFerrin/Chick Corea © Marion Tisserand

Après le concert d’ouverture, la veille, la première « vraie » soirée de Jazz à Vienne a été marquée par une belle communion entre le public et les artistes des deux plateaux programmés : Bobby McFerrin et Chick Corea pour commencer, puis l’étonnant Richard Bona, qui a droit à une longue standing ovation, en seconde partie.

Qui dit jazz dit âme, dit émotion, dit partage. Avant même la soirée gospel de dimanche 1er juillet, une forme de communion s’élabore dès le début de Jazz à Vienne, vendredi 29 juin 2012. Fait rare, les deux plateaux réussissent en effet à échanger de manière authentique avec un public très demandeur de cette fusion avec les artistes. Des festivaliers venus en nombre : près de six mille.

Seuls sur scène, le prince de la vocalise, Bobby McFerrin, et le pianiste qui joua à de multiples reprises avec Miles Davis, Chick Corea. De gros calibres pour ce premier wagon du night train Jazz à Vienne. Avec sa voix et son style si particuliers, d’une plasticité extrême, et ce registre qui va du ciel étoilé aux plus grandes profondeurs, battant la mesure en frappant sa poitrine, l’acrobate McFerrin, roi de l’improvisation, se lance dans des scats brillantissimes et retombe invariablement sur ses cordes (vocales) au gré d’une imagination débridée. Mieux, il sait faire participer le public, lequel entre d’emblée dans le jeu, n’hésitant pas si nécessaire à faire le clown avec un talent consommé.

Bobby McFerrin © Marion Tisserand

Le résultat ne se fait pas attendre : accompagné d’un Corea en excellente forme, distillant les clins d’œil mozartiens - entre autres -, le chanteur new-yorkais n’a aucun mal à mettre les festivaliers dans sa poche, malgré le registre intimiste de la soirée, pas toujours propice aux épanchements. La complicité entre les deux hommes - ils ont déjà enregistré ensemble trois albums, Play, The Mozart Sessions et Rendez-vous in New York - est palpable. On les voit même, à un moment, jouer à trois mains debout au piano. En finale, ils lanceront une version totalement déconstruite du Concerto d’Ajanruez. Dommage toutefois qu’on n’ait pas entendu Corea davantage en solo : il ne nous gratifie que d’un seul morceau. Mais ce n’était pas le sujet du soir…

Cocktail africano-latino détonant

Même relation aussi chaude, aussi chaleureuse, lors de la seconde partie de soirée, qui voit débarquer sur scène un cocktail détonant : le bassiste franco-camerounais - mais venu de New York - Richard Bona, accompagné de Mandekan Cubano, belle phalange de musiciens cubains également passés par New York. Le festival n’offrant pas cette année, pour la première fois depuis longtemps, de « soirée cubaine », ce concert fait figure de lot de consolation… Le métissage des deux cultures, africaine et latine, enfante un beau bébé musical qui, malgré les chaises installées au pied de la scène, incite bien vite les couples à tanguer. On trouve dans la musique épicée de Richard Bona, outre un solide fond jazz, une pincée de chants traditionnels bantous - l’ethnie dont il est issu - mais aussi une pointe d’afro-beat et de funk. Un drôle de mélange qui, finalement, fonctionne fort bien.

Ce n’est pas la première fois que Richard Bona arpente la scène de Jazz à Vienne : il est déjà venu en sideman, mais c’est the first time que cet adepte des longs et langoureux glissandos pointe le bout de sa guitare en tant que leader. Avec une délectation communicative, il nous offre en prime, a cappella, quelques chansons à la tonalité franchement africaine qui font frissonner d’aise les festivaliers et clignoter les étoiles dans la nuit devenue d’encre. Bleu nuit, bien sûr.

Richard Bona © Marion Tissserand
  • Line up 1-Bobby McFerrin (voc), Chick Corea (p)
  • Line up 2-Richard Bona (voc, b, g, loop pedal), Mike Rodrigues (tp), Ozzy Melendez (tb), Osmandy Parredes (p), Luisito Quintero, Roberto Quintero (perc)