Chronique

Jazz et Cinéma

Compilation

Label / Distribution : Sony music

La fréquentation des salles obscures ne décroît pas dans notre pays, le cinéma « national » est créatif et original, les Français aiment acheter les B.O de films. Aussi, fort astucieusement, la « major » Sony, réutilisant son fabuleux fond de catalogue avec des disques d’anciennes compagnies (Philips, Emi, Capitol, Vogue, Fontana, Barclay), publie une compilation au titre alléchant, Jazz et Cinéma : trois disques de quinze titres chacun qui couvrent l’histoire du cinéma et du jazz, les deux formes artistiques majeures du XXè siècle.

Le premier CD commence par la suite de Duke Ellington « Black and Tan Fantasy » extraite du film éponyme [1929] et fait la part belle aux grands animateurs du jazz, chanteurs et /ou chefs d’orchestre Cab Calloway, Benny Goodman, Fats Waller. Les chefs-d’œuvre ne sont pas oubliés : « As Time Goes By (Casablanca), « In the Mood » ou « Moonlight Serenade » (The Glenn Miller Story), et on retrouve les figures incontournables de Louis Armstrong, Sydney Bechet, Frank Sinatra et Bing Crosby, mais aussi Fred Astaire, qui savait pousser la chansonnette.

La plupart des titres tournent autour des années cinquante, avec quelques pépites du cinéma français : Ascenseur pour l’échafaud (Miles Davis et ses « petits » Français René Urtreger et Pierre Michelot), A bout de souffle (Martial Solal) mais aussi Christian Chevallier pour le film de Jean-Pierre Melville Deux hommes à Manhattan.

On devrait donc se régaler avec le dernier CD, qui traite des années soixante-dix avec les grands films de Louis Malle (Le souffle au cœur [1971], musique du pianiste Henri Renaud, ou Lacombe Lucien [1974], avec le « Minor Swing » du Quintette du Hot Club de France [1937]). La sélection est éclectique : le grand Bernard Herrmann composa sa dernière musique pour le Taxi Driver de Martin Scorsese en 1976, et le grand succès populaire de The Sting (L’arnaque)[1973] permit à Dick Hyman, compositeur attitré de Woody Allen, de remettre au goût du jour le « tube » de Scott Joplin « The Entertainer ».

Le plaisir est cependant gâché par le fait que cette compilation bâclée ne comporte aucune note de pochette, nulle indication sur le personnel et les chanteuses de nombreux extraits, pas la moindre indication sur les metteurs en scène et les acteurs. Double peine pour les cinéphiles-amateurs de jazz (il y en a, tout de même !) A qui s’adresse cette « compile » au prix certes intéressant mais si mal faite ?