Scènes

Jazz in Marciac 2015 - 2

38e édition de Marciac, deuxième volet


Claus Fischer, Harry Fischötter & Larry Carlton © Jean-François Picaut

Le trente-huitième Jazz in Marciac (Gers) a désormais atteint sa vitesse de croisière. Les habitués se retrouvent pour évoquer des souvenirs, les néophytes déambulent de découvertes en découvertes entre la place centrale de la bastide et la Péniche (pour le festival bis), l’Astrada, et le Chapiteau (pour le « grand festival »).

Samedi 1er août 2015

Lee Ritenour et Dave Grusin, de la virtuosité mais où est l’émotion ?

Traditionnelle soirée de la guitare ; cette année, dans le rôle du « guitar hero » Lee Ritenour, surtout connu pour son travail en studio. Il a, ce soir, convié à ses côtés Dave Grusin (piano et claviers), qui ne sera pas le moindre atout de la soirée.

Lee Ritenour © Michel Laborde

Souriant, il donne de multiples exemples de sa virtuosité au fil d’un mélange de titres anciens réarrangés et de morceaux issus d’un album à venir. Il ne manque qu’un peu d’émotion. À côté de lui, on remarque le bassiste Melvin Davis mais c’est le jeune batteur, Ron Bruner Jr, qui semble fasciner Ritenour. Il est également virtuose et, péché de jeunesse, semble surtout se préoccuper de jouer très vite et très fort. Son morceau de bravoure, réussi, sera « Rio Funk » : polyrythmies, changements de mesure, vélocité, délicatesse mais aussi un peu de boum-boum gratuit…

Après Ritenour, l’autre vedette de concert a été sans conteste l’octogénaire Dave Grusin, bizarrement très discret par rapport aux autres pendant la plus grande partie du concert. Mais sa classe a parlé sur « Pearl », délicate ballade durant laquelle il dialogue sur le mode de la confidence, avec le guitariste. Toutefois, son moment de gloire, ce soir, aura été son solo de piano, le temps de trois courtes pièces dédiées à l’État du Nouveau-Mexique, véritable oasis dans ce déluge de décibels. La première pièce s’apparente à la musique dite classique avec comme un écho de guitare espagnole. L’ensemble brille par sa richesse harmonique, sa variété rythmique et un phrasé exceptionnel. La prestation suscite un tonnerre d’applaudissements, y compris sur scène.

Larry Carlton : technique et sensibilté

Autre guitar hero, considéré par un magazine spécialisé comme un des dix meilleurs guitaristes du monde ! Le concert s’ouvre par « My Mama » et, d’emblée de jeu, le guitariste y démontre l’élégance de son phrasé et la plénitude du son qui le caractérise. On admire les arabesques de « Friday Night Suffle », et la variété rythmique et harmonique de « West Coat ».

Larry Carlton © Michel Laborde

La superbe ballade « Sunrise » est identifiée et saluée par le public. Cette belle mélodie brille par son admirable phrasé, la délicatesse de ses nuances entre des graves de velours et des aigus charnus. Ce n’est pas pour rien que l’on vante le lyrisme de Carlton. On se contentera de regretter qu’il ne laisse guère de place à ses partenaires. Il est vrai que la basse (Claus Fischer) et la batterie (Hardy Fischötter) ne font pas toujours dans la finesse en matière de volume sonore.