Chronique

Jean-Charles Baty

Django Reinhardt (Volume 2)

Une bande dessinée et deux CD

Label / Distribution : Nocturne

Forte d’une cinquantaine d’opus, la BD Jazz semble faire l’unanimité. C’est amplement mérité car Nocturne a eu une idée remarquable en associant les deux.

Le principe est simple : laisser le crayon à un auteur de bande dessinée qui improvise en une vingtaine de pages des illustrations sur la vie d’un musicien. S’y ajoutent une biographie complète et deux disques de morceaux choisis.

Les amateurs auraient éventuellement préféré que le format (14,5 x 20,5) soit celui d’un disque compact pour que ces albums trouvent leur place dans la discothèque. Les bédéphiles seront peut-être frustrés par cette vingtaine de pages qui laissent parfois trop peu d’espace aux dessinateurs. Les tatillons pourraient faire remarquer qu’une discographie et une photo de l’artiste n’auraient pas dépareillé. Mais ce ne sont là, reconnaissons-le, que des remarques mineures qui n’enlèvent rien au plaisir et à l’intérêt de cette belle collection…

Après Aurel, c’est au tour de Jean-Charles Baty de laisser son trait jouer avec le célèbre guitariste manouche. La mise en page rappelle le dessin animé, avec une division en trois vignettes égales qui se succèdent comme des images sur une pellicule. Le dessin est fluide, légèrement caricatural et particulièrement expressif. Les couleurs, dans les verts et jaunes, sont soignées. Le dessinateur possède un sens de la mise en scène et du décor à la fois simple et raffiné. La bande dessinée est presque muette.

Le scénario de Baty est un résumé biographique, de la naissance de Reinhardt en 1910 aux débuts du quintette du Hot Club de France en 1933 : le banjo, les bals, la roulotte, l’incendie, Toulon, la découverte du jazz, Charles Delaunay

Les deux disques, qi regroupent quarante-sept morceaux, montrent une fois de plus toute l’inventivité, tout le modernisme de la musique de Reinhardt et donnent l’occasion d’apprécier avec toujours autant de plaisir son phrasé incomparable.

Le premier album est consacré au Reinhardt électrique (1946 - 1953). A côté d’une version délectable de « Brazil » et de quelques standards (« Night and Day », « I Love You », « September Song »…) on retrouve bien sûr les « tubes » : « Nuage », « Manoir de mes rêves », « Double whisky » ou « Flèche d’or » [1].

Le deuxième album reprend essentiellement des solos de Reinhardt, dont huit « Improvisations » qu’Heitor Villa-Lobos ne renierait sans doute pas et qui méritent à elles seules le détour.

Coup de chapeau à cette BD Jazz, autant pour le dessin que pour la musique.

par Bob Hatteau // Publié le 11 décembre 2006

[1A lire, l’analyse qu’en fait Laurent Cugny dans le dernier numéro des Cahiers du Jazz.