Chronique

Jean-Marc Foltz

Viracochas

Jean-Marc Foltz (b-cl), Philippe Mouratoglou (g), Sébastien Boisseau (b), Christophe Marguet (dm)

Label / Distribution : Vision Fugitive

Tout à la fois voyage rêvé et parcours véritable vers l’Amérique du Sud, méditation orientée dans le sens de la spiritualité à l’aune d’une lecture d’Henri Gougaud, Viracochas est aussi une série de pièces pour quartet de jazz qui font aller du soleil (« Kalasasaya ») à la nuit (« Chola ») par le détour des aigles et des mémoires (« Aguilas » et « Machu Picchu »). Le continent sud-américain est ici prétexte à une dérive musicale d’une belle densité, dont la structure formelle tend vers la modalité et dont la chair repose sur l’interaction des quatre instrumentistes, menée de bout en bout à la clarinette-basse par un Jean-Marc Foltz au sommet de son art.

Il peut s’appuyer, pour nous entraîner à sa suite, sur trois irréfutables compagnons de route, rompus à l’exercice de l’écoute. Sébastien Boisseau - que nous croisons souvent, associé à de multiples projets - est devenu l’un des contrebassistes les plus demandés de la scène, par un talent très rare qui consiste à savoir être toujours présent quand il le faut sans jamais tirer la couverture (andine ?) à lui. Christophe Marguet sait circuler entre drumming classique rebondissant et couleurs multiples (ici particulièrement exigées), et Philippe Mouratoglou, qui s’inscrit dans l’ensemble avec un bonheur manifeste, apporte les notes épicées qui conviennent.

Une musique qui offre des perspectives sans prendre le risque de nous entraîner vers des abîmes, un « journal de mythologie intime » qui s’impose après plusieurs écoutes. Il est des climats et des territoires qui ne livrent pas d’emblée leur séduction, mais qui résistent à l’usage, si ce n’est à l’usure.