Chronique

Jean-Marc Jafet

Mes anges

Yoann Serra (d), Jean-Paul Ceccarrelli (d), Christian Escoudé (g), Sylvain Luc (g), Maurice Jafet (g), David Reinhardt (g), Jean-Jacques Franchin (acc), Frédéric Vialles (acc), Jean-Yves Candela (p), Frédéric D’Oelsnitz (p), Robert Persi (p), Olivier Ker Ourio (hca), Denis Benarroschi (perc), Raul Mascareinas (fl), Francesco Castellani (tb), Carjez Gerretsen (cl), Jean-Marc Jafet (b).

Label / Distribution : Cristal Records

Jean-Marc Jafet revient avec un nouvel album, Mes anges, dans la lignée des quatre premiers. On y retrouve « sa grande famille musicale », ses morceaux-hommages ainsi que son goût prononcé pour les belles mélodies.

La grande famille niçoise est trop nombreuse pour pouvoir être décrite in extenso, mais en gros, Jean-Marc Jafet a réuni les habitués, tels que Sylvain Luc, fidèle compagnon de route depuis Dolores, le premier disque du contrebassiste en 1985, Robert Persi, longtemps pianiste attitré de Claude Nougaro ou encore Christian Escoudé, Olivier Ker Ourio… Mais la famille serait incomplète sans les jeunes qui prendront la relève, à savoir Yoann Serra, David Reinhardt et Carjez Gerretsen.

La pochette annonce la couleur : deux plumes dans un ciel flou, le tout dégradé dans les tons mauves. Un album en douceur, porté par des morceaux mélodieux. Fidèle à lui-même, Jean-Marc Jafet dédie ses compositions à ses amis (Sylvain Luc, les frères Belmondo, Babik Reinhardt…) et à sa famille. Trois thèmes ne sont pas de sa plume : « Barbara » que l’on doit à l’Horace Silver des débuts, « In and Out », que Wes Montgomery enregistra en 1964 dans le célèbre Movin’ Wes, et « Firm Roots », une composition dynamique de Cedar Walton.

Dès le premier titre, « Mantega Righi », brillant duo de Jean-Marc Jafet et Yoann Serra, il est clair que la mise en place rythmique sera aux petits oignons. Et, de fait, mélodies et solistes s’appuient sur une assise rythmique confortable : le gros son grave et sûr du contrebassiste - « Sylvain », « Terence » en solo -, les stop chorus dynamiques de Jean-Paul Ceccarrelli - « Firm Roots » -, le soutien précis de Yoann Serra - « Nelly »…

Dans « Sylvain » - à tout seigneur tout honneur - Sylvain Luc joue un joli solo bien construit qui alterne formules rythmiques et lignes mélodiques. De même, dans « Barbara », le dialogue entre le guitariste et Robert Persi vaut le détour. Ce dernier est assurément un pianiste qui mérite d’être connu, et ses interventions dans « Deux frères » (dédié à Lionel et Stéphane Belmondo) ou « Firm Roots » révèlent un musicien attentif à ses partenaires. Le deuxième pianiste de la session, Jean-Yves Candela, n’est pas en reste et ses chorus dans « Nelly » et « Nice Babik » balancent agréablement. L’harmonica d’Olivier Ker Ourio se fond particulièrement bien dans cet univers mélodieux (« Nelly », « Deux frères » et « Firm Roots »). Enfin, « In and Out » permet à Christian Escoudé de laisser libre court à son phrasé nerveux et ses belles envolées bop, mais on aurait aimé l’entendre un peu plus longtemps.

L’auditeur écoutera Mes anges, tantôt le sourire aux lèvres devant un thème joliment emmené, tantôt perplexe devant une mélodie peut-être trop intime mais, au final, sans doute conquis par cette sorte de naïveté nostalgique et joyeuse, propre aux albums de photos de famille…