Chronique

Jean-Philippe O’Neill Quartet

Willie’O

Jean-Philippe O’Neill (dm), Peter Giron (b), Ronald Baker (tp, bugle, voc), Philippe Petit (p)

Label / Distribution : Black & Blue

Que Jean-Philippe O’Neill, leader de ce quartet n’apparaisse pas dans les signatures des neuf thèmes proposés ici n’a guère d’importance puisque, à la manière d’un « chef sans pouvoir », il est véritablement la clé de voûte de l’édifice. A lui les impulsions décisives, tant dans les introductions ou les codas que dans les changements d’ambiance au sein des morceaux, grâce à une maîtrise plus que parfaite des assemblages entre toms et cymbales, propulsant les apports de ses confrères dans les limbes d’un swing sans ambages.
Si la complicité avec le contrebassiste ramené des Etats-Unis, Peter Giron, s’établit sur un plan rythmique, elle est renforcée par une fusion sonore avec la moindre des notes émises par ce dernier, qui n’hésite pas à se saisir de la basse électrique sur un thème. Au piano, Philippe Petit, vieux complice du batteur, peut alors se lâcher dans des nappes harmoniques, des digressions « out », sans jamais se départir d’un placement rythmique ô combien syncopé ! Quant à Ronald Baker, chanteur et trompettiste originaire de Baltimore, il apparaît comme la caution « Soulful » d’un disque auquel il confère des accents hard bop : plaisir de l’allongement des notes, délices de phrases racontant de bien belles histoires à l’instrument, fragilité feinte d’une voix confinant à l’art du « Preaching ».
Ce charismatique afro-américain est manifestement l’atout majeur d’un opus dans lequel résonne l’urgence du live. Et ce n’est pas faire injure de le souligner, tant les notes de pochette reconnaissent que sans lui, ce quartette n’aurait pu exister !