Chronique

Jim Tomlinson

The Lyric

Jim Tomlinson (ts, perc), David Newton (p), Dave Chamberlain (b), Matt Skelton (dms), Stacey Kent (voc)

Label / Distribution : O+ Music

L’album est signé Jim Tomlinson mais sur la cellophane est inscrit, en caractères beaucoup plus imposants, le nom de Stacey Kent. Il est certain que le nom de la chanteuse est plus vendeur que celui de son saxophoniste, mais au-delà de ce simple artifice de marketing, il faut bien admettre que l’entente entre les deux artistes (qui sont mari et femme à la ville) est absolue et relève de la symbiose.

Ainsi, il serait bien difficile de décrire la spécificité de ce disque par rapport aux autres albums signés Stacey Kent, si ce n’est que cette dernière s’abstient de chanter sur deux titres. Deux standards brésiliens, « Manha De Carnival » de Luiz Bonfa et « Outra Vez » de Jobim, qui permettent à Jim Tomlinson de rendre un hommage efficace à Stan Getz, dont il reproduit à la perfection la sonorité feutrée désormais immortelle. On retrouve également les compagnons de route habituels du couple, notamment David Newton au piano et Dave Chamberlain à la contrebasse. Et, fatalement, les points forts et les faiblesses habituels des albums de Stacey Kent.

Grâce à son timbre, à la clarté de sa voix et à sa diction parfaite, la chanteuse n’est jamais aussi brillante que dans les morceaux rythmés qui font appel à un sens quasi cinématographique de l’interprétation. On l’entend ici sur « If I Were A Bell », « Cockeyed Optimist », « My Heart Belongs To Daddy » et « Something Happens To Me ». Sur ces titres, la légèreté de Kent, sa vivacité et son espièglerie font véritablement merveille, et sont magnifiés par la complicité et la réactivité des musiciens qui l’entourent. Ces morceaux sont parfaitement arrangés, laissant de l’espace à chacun des musiciens pour s’exprimer dans une durée relativement réduite - de trois à quatre minutes - qui leur procure un swing et une densité certains.

En revanche, sur les ballades, Stacey Kent ne parvient pas à dégager autant d’émotion qu’on pourrait l’espérer, d’autant plus que certaines sont reprises sur un tempo plus lent qu’à l’accoutumée, ce ralentissement étant un exercice périlleux entre tous. Ainsi, le tube d’Henri Salvador, « Jardin d’Hiver », semble avoir été choisi davantage pour
garantir une place de choix dans les classements français que pour la qualité de
son interprétation. Conséquence de ce tempo, certaines pièces semblent n’en plus finir, tel ce « What Are You Doing for the Rest of Your Life » relativement soporifique.

Le disque pèche donc par son manque d’homogénéité, et le choix de faire cohabiter ces longues et lentes ballades avec des morceaux plus enlevés alourdit l’ensemble. Néanmoins, hormis ce défaut, on est globalement en présence d’un disque de bonne facture, à l’enregistrement irréprochable, accessible et qui plaira au plus grand nombre. Stacey Kent reste gage de qualité au niveau du jazz vocal.