Chronique

John Abercrombie Quartet

Up and Coming

John Abercrombie (g), Marc Copland (p), Drew Gress (b), Joey Baron (dm)

Label / Distribution : ECM

Quatre ans après 39 Steps, John Abercrombie et son quartet nous livrent un nouvel album [1], court, dense, partagé entre ses propres compositions et celles de son ami et complice depuis plus de 40 ans, Marc Copland. À leurs côtés, deux partenaires de longue date, côtoyés dans différentes formations : Drew Gress à la contrebasse, élastique constance, et Joey Baron à la batterie, l’artisan subtil des volumes concis de ces huit nouvelles pièces. Enfin, au milieu d’eux, les figures de Miles Davis et de Bill Evans toutes deux conjointes dans une rêveuse version de « Nardis », titre fameux du premier joué ici dans l’esprit du second.

Album ramassé, donc, qui alterne les plages lentes, traînantes, presque cérémonieuses (« Tears ») et les allures plus rapides sur lesquels piano et guitare élaborent de brefs motifs mélodiques — qu’ils se prêtent, se rendent, s’échangent — mais qui finit au bout de sa course par installer ce contraste au cœur même de chaque morceau. Témoin l’intense et cinglante activité de Joey Barron qui à partir de « Silver Circle » — peut-être le plus beau titre du disque — vient à passer au premier plan pour épauler directement la douceur calme et rayonnante des cordes d’Abercrombie ou la gravité appuyée, insistante, de Copland.

Un disque qui déploie lentement ses multiples forces, et que le jeu inimitable du guitariste, à la fois chaleureux par son jeu au pouce et lumineux par la clarté de son phrasé, vient éclipser lors des premières écoutes. Ce n’est par conséquent qu’aux écoutes suivantes, une fois les couleurs de cette fameuse guitare quelque peu ternies, qu’on entend alors, diverses et intenses, les brillantes voix de chacun.

par Grégory Hosteins // Publié le 10 septembre 2017

[1Qui sera le dernier : le guitariste est mort le 24 août 2017.