Chronique

John Scofield

Past Present

John Scofield (g), Joe Lovano (ts), Larry Grenadier (b), Bill Stewart (dm)

Label / Distribution : Impulse !

Donc John Scofield a lu Saint Augustin, puisqu’il joue sur la « présence du passé » dans le titre de son dernier album. On sait que le philosophe défendait l’idée, bien astucieuse par ailleurs si l’on songe à cette stupidité des « musiques actuelles », que seul le présent existe vraiment, sous la forme de trois instances, « présence du passé » dans le souvenir ou les travaux d’histoire, « présence de l’avenir » dans les supputations et les projets, et enfin « présence du présent » dans la perception de l’actuel. C’est dit, et il n’y a pas à y revenir…

Et bien moi, ça me convient bien, que John Scofield revienne à faire présent (cadeau) de son passé dans notre aujourd’hui. Car d’une part Bill Stewart est un batteur phénoménal de swing et de précision, en même temps que de finesse, et je suis très heureux de le retrouver auprès du guitariste, qui a besoin de ce genre de « drumming » pour aller de l’avant comme il sait et aime le faire. Ensuite j’ai de tels bons souvenirs de l’association avec Joe Lovano que je suis également ravi qu’elle reprenne vie. Reste Larry Grenadier, qui est évidemment parfait pour faire le quatrième. À partir de là, tout se déroule comme prévu, c’est à dire en souplesse.

Swing, bondissements, phrasé associant logique et invention, diversité des climats, du blues, de la valse, des parfums de country : on se laisse aller à ne même pas penser. Que voilà de la musique qui suit, qui suinte, qui découle, qui se faufile. Et comme une des conséquences de cet horrible vendredi 13 novembre 2015 aura été que le quartette est resté bloqué aux portes du festival Nevers D’jazz, on apprécie le disque encore plus !