John Surman

The Spaces In Between

John Surman (ss, bs, bcl), Chris Laurence (b), Rita Manning (vln), Patrick Kiernan (vln), Bill Hawkes (viola), Nick Cooper (cello)

Distribution / Label : ECM

L’Anglais revient avec un disque encore une fois raffiné, en compagnie d’un quatuor à cordes, un cuivre charmeur, un tempo vagabond et coquin (« Moonlighter » en ouverture). Tendance classique et titre révélateur : le saxophoniste tente en effet de s’insinuer dans les espaces ménagés par les cordes (« You Never Know »). John Surman choisit ici une formule organique - point de machines ou d’électronique dans ces espaces-là - et continue d’explorer les possibilités de confrontation entre instruments. Le Dictionnaire du Jazz note à son sujet qu’il aime « jouer des contrastes » rythmiques, et remarque chez lui la fréquence des duos sax/batterie, sax/voix… Ce disque prend lui aussi des allures de duo, mais sans aller jusqu’au bout car c’est entre un quatuor compact (auquel on peut ajouter un cinquième larron en la personne du contrebassiste de son quartet, Chris Laurence), que tout se joue face aux vents de Surman.

Les ambiances sont, là encore, rêveuses et champêtres (« Wayfarers All »), et l’instrumentation violons/alto s’y prête, mais « Now and Again » sonne comme presque comme du Sclavis, de même que « Winter Wish » - avec toujours des poussées jazz. On a là une création superbe, hors du temps et des styles, plus proche des musiques improvisées que du jazz pur et dur même si un swing discret survient au détour de quelques grandes envolées ou de spasmes inopinés « Now and Again », où la contrebasse s’affirme à son tour, où « Hubbub ».

Dans cette musique si sereine en apparence semble se tramer un combat en arrière-fond, une sorte d’inquiétude venue du fond des âges. Un petit côté Nom de la Rose alors que « Now See » évoque la conquête de l’Ouest, là où « Mimosa » exhale un parfum oriental. Un disque historique, donc, qui ne néglige pas le voyage (« Way Farers All » !) - mais toujours en terre ECM…