Chronique

José Lencastre Nau Quartet

Eudaimonia

José Lencastre (as), Rodrigo Pinheiro (p), Hernâni Faustino (b), João Lencastre (dm)

Label / Distribution : FMR-Records

Eudaimonia est un terme grec qui signifie béatitude et dont la doctrine philosophique afférente, l’eudémonisme, associe recherche du bonheur et moralité. C’est aussi le titre du deuxième album du Nau Quartet emmené par le saxophoniste alto José Lencastre et dans lequel figurent dans le rôle des « modernes », outre le leader, son frère João Lencastre à la batterie (auteur, chez Clean Feed, d’un remarqué Movements in Freedom avec son trio Communion 3) et dans celui des « anciens », deux piliers de la scène improvisée portugaise, le pianiste Rodrigo Pinheiro et le contrebassiste Hernâni Faustino (soit deux des trois sommets du Red Trio qu’ils forment en compagnie du fabuleux batteur Gabriel Ferrandini). Le décor est planté.

Eudaimonia s’apparente à une suite de six morceaux dont chacun des titres est une syllabe du mot grec (soit Eu-Da-I-Mo-Ni-A). On pourrait n’y entendre qu’un magma informe, un maelstrom foutraque et répétitif où la nuance n’est pas de mise. C’est bien le contraire qui se produit à l’écoute fine de l’album. Mille teintes, mille couleurs, mille variations sont à l’œuvre. Frottements, feulements, chuchotis. Tout s’imbrique et s’entremêle. L’alchimie opère entre la basse puissante et tellurique de Faustino, les tourbillons de notes de Pinheiro, les frappes à la fois sèches et légères de Lencastre frère et les fulgurantes incandescences du leader. Comme en équilibre sur le fil d’une crête, les quatre musiciens nous embarquent dans un périple d’une quarantaine de minutes, dont on ressort secoué mais heureux.

par Julien Aunos // Publié le 10 mars 2019
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