Scènes

Joshua Redman, gentleman farmer

Métropole Jazz Festival à Nîmes le 11 octobre 2018


© Jimmy Katz

Il est amusant de constater que Joshua Redman peut aussi bien jouer à guichets fermés à la Philharmonie de Paris que dans une petite salle polyvalente perdue à Bouillargues dans la banlieue nîmoise. Devant un public enthousiaste et très chaleureux certes, mais il restait au fond quelques sièges vides. Le saxophoniste, décidément l’un des meilleur représentants de l’excellence du jazz américain, n’en a pas pris ombrage.

Matt Penman, Joshua Redman, Aaron Parks, Eric Harland. © Jimmy Katz

Il plaisanta sur ce « bout du monde » dominé par deux silos à béton et cerné de vastes champs striés par les vignobles des Costières du Gard. Mais finalement le paysage ne rentrait-il pas en résonance avec le nom même du groupe des quatre pointures : La Ferme de James, « James Farm » ?

James Farm c’est l’heureuse osmose musicale entre Joshua Redman au saxophone ténor et soprano, Aaron Parks aux claviers, Matt Penman à la basse et Eric Harland à la batterie. Créée en 2009, la formation qui a enregistré deux albums et tourné des deux côtés de l’Atlantique, accède à une maturité flamboyante. Au sein de cette formation, Joshua Redman déploie sa virtuosité, ses mélodies et son sens de l’improvisation dans des compositions signées de chacun des musiciens. Eric Harland, en majesté, soutient l’ensemble par sa rythmique tirée au cordeau et son jeu tout en nuance jamais tapageur. Le set s’ouvre avec “Two Steps” (Matt Penman), et il n’en faut pas davantage pour atteindre les sommets.

Joshua est le fils du saxophoniste Dewey Redman ; il est aussi l’héritier de la longue lignée des géants du jazz dont il sait distiller la quintessence. Mais ce Californien d’une petite cinquantaine d’années a su également intégrer le meilleur de l’art de son temps pour émailler ses envolées tantôt d’un groove poétique et tantôt de percutantes tonalités funky.
« James Farm » est la contraction des initiales des prénoms de Joshua, Aaron, Matt et Eric, dit-on. Ce la sonne aussi comme une Jam Session d’exception.