Scènes

KNOWER, Sweet & Fire

KNOWER au Joker’s Pub à Angers, le 7 novembre 2017.


Seulement deux dates en France pour cette formation qui agite les tympans d’une partie de la planète musicale. Repérée sur le net en 2010, venue de Los Angeles et adoubée par Tim Lefebvre himself, elle a proprement emballé une salle toute acquise à sa cause en proposant un set généreux et ultra dansant.

La salle est bondée. Loin d’être un Zénith, le sous-sol du bar le Joker’s Pub à Angers, aussi étroit que sympathique, voit affluer un public venu de Nantes, Rennes ou Tours pour voir le phénomène KNOWER. Composé de la chanteuse Genevieve Artadi et du batteur Louis Cole, originairement en duo, cette formation est capable de produire des tubes pour dance-floor relayés par des clips drôles et sans le sou. Les synthétiseurs mis en avant, un peu grossiers et simplistes, pourraient laisser croire à une machine surfaite. Il n’en est rien ; leur collaboration avec des personnalités aussi connues que Tim Lefebvre ou David Binney en est certainement la preuve et justifie pleinement leur présence dans les colonnes de ce magazine.

Avec ce groupe fort de quatre albums accessibles sur bandcamp qui oscillent de manière foutraque entre disco, funk 80 ou electro, c’est sur la scène que tout se passe. Ce soir-là en quintet, ils produisent une musique énergisante d’une grande souplesse. En maître de cérémonie, Louis Cole s’installe derrière les fûts et harangue une foule qui n’attend rien de plus pour faire monter la température. Sensible au moindre effet, réactive en diable, elle pousse des cris et s’agite en tous sens durant toute la prestation.

Les titres s’y prêtent, il faut dire. La chanteuse les incarne de sa voix haute et droite, se les appropriant avec fraîcheur, dans un mouvement constant du corps qui apporte beaucoup au dynamisme général. A ses côtés, le guitariste Adam Ratner tient sa partie avec des accompagnements post-funky qu’il déroule ensuite le long de solos mélodiques et aérés qui évoquent Wayne Krantz.

Plus statique, calé dans le coin au fond, le clavier Dennis Hamm dégage ce qu’il faut de mystère pour équilibrer la bonhomie du groupe. Pilier imperturbable, il déploie des vagues synthétiques et jouera une bluette délicieusement sucrée avec Geneviève dans un moment d’accalmie. En retour, ses interventions véloces, très seventies, ravissent tandis que les doigts du jovial Sam Wilkes roulent un son rebondissant sur le manche de sa basse .

Le groupe est précis, la mise en place redoutable et chaque break tranche dans le silence comme une lame acérée avant de redémarrer sans condition. Sans apprêt - l’exiguïté de la salle participant à l’immédiateté de cette musique, KNOWER épuise son répertoire avec enthousiasme. En guise de rappel, face l’insistance de l’auditoire, Louis Cole s’installe derrière le synthétiseur et crée en quelques secondes une boucle bruitiste complétée par une ligne de basse bluffante sur laquelle il pose son flow. On applaudit à tout rompre. Rideau. KNOWER, totalement underground, totalement indispensable.

par Nicolas Dourlhès // Publié le 10 décembre 2017
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