Chronique

Kasho’gi

AY°

Hans-Peter Pfamatter (cla), Andi Schnellmann (b), Manuel Troller (g), Vincent Glanzmann (dms)

Label / Distribution : Veto Records

Outre la vivacité de sa collection Exchange, le label Veto Records est toujours aussi actif sur la scène suisse. Il présente régulièrement des groupes aux confins des genres, et qui aiment à évoluer dans une atmosphère ténébreuse et complexe. Ces deux adjectifs décrivent d’ailleurs bien AY°, premier album du quartet Kasho’gi, mené par le batteur Vincent Glanzmann.

Lettrage volontairement stylisé, éclatement des formes, jeu de pistes et de lectures, la pochette vaut toutes les chroniques ! On pénètre ici dans une musique versatile et heurtée où le batteur s’amuse à travailler des rythmes complexes avec son bassiste, Andi Schnellman, déjà aperçu, dans un registre plus dur, au sein de Schnellertollermeier avec le guitariste Manuel Troller, également présent ici. Il convient d’envisager AY° comme une longue suite, une traversée parfois nébuleuse allant du jazz rock le plus classique au metal sans direction prédéfinie. Avec « Zyk X », l’album débute sur des chants traditionnels d’Afrique subsaharienne que le batteur accompagne seul ; on retrouve ce procédé sur « ORM-UUS », où les chants sont cette fois-ci zébrés par l’électricité persistante du Wurlitzer de Hans-Peter Pfammatter.

Chaque fois ces courts intermèdes précèdent un morceau long exposant toutes les expressions possibles du groupe. On est chamboulé par le drone explosif qui clôt « Unagi Burger » dans une stridence où s’installent peu à peu des rythmiques avortées. On est chaviré par les soudaines brisures de metal qui s’emparent d’« Illical Iolence » avant d’être apprivoisées par un batteur qui sait mettre sa musicalité au service du chaos. Ce morceau final (près d’une demi-heure) est une forêt de rythmiques instables qui fait immanquablement penser aux travaux de Trey Spruance au sein de Mister Bungle, l’humour en moins. C’est peut être ce qui manque à Kasho’gi pour convaincre tout à fait.