Keiji Haino & Peter Brötzmann

Keiji Haino a eu beau tourner avec les plus grands noms du free jazz mondial depuis plus de 30 ans, c’est sans doute avec Peter Brötzmann que son jeu très dur a donné son meilleur. « I Beg Your Pardon Mr Sokushinbutsu », sur la première face de ce coffret de quatre vinyles, en est l’exemple ultime, Brötzmann soufflant avec rage sur l’explosion rocailleuse allumée par son vieux compagnon ; mais comme toujours, il convient de ne pas s’arrêter aux clichés ni aux routines : Haino a lâché sa guitare pour des percussions qui doivent beaucoup aux tambours nippons. Rassurons-nous néanmoins, le chaos refait surface dès « The Beginning or The End, Wich One Will be First to Admit His Opponent ? », avec une électricité aussi caustique que le saxophone qui s’époumone. C’est d’une dureté hérissée de métal, mais cependant, dans les fêlures et les temps plus faibles apparaît une poésie lumineuse. Une fleur qui naît du tumulte. Avec « Is Too Young », plus tard, le duo cherchera une voie plus subtile, plus déstructurée pour sonder les âmes et aller chercher une douceur méconnue, fugace, mais tellement précieuse.