Kneebody

D’emblée, vous savez de quoi il s’agit. La pochette arty post-moderne en rouge et noir sur papier brun, le gros son très compressé : groupe nord-américain, il n’y a pas tromperie sur la marchandise. La section rythmique poisseuse comme un bonbon qui colle au papier, le sax et la trompette mixés très en avant, des boucles électroniques en veux-tu en voilà, des harmonies qui accrochent, Kneebody a une identité sonore très marquée, la même depuis son premier album produit en 2005 par Dave Douglas soi-même. On fait pire comme référence pour un début.

Si l’énergie et la lourdeur du son de la section rythmique renvoient indéniablement au rock - notamment dans « Poton » et « Notwithstanding » -, les influences sont multiples et éclectiques. Il y a du Miles Davis dans « Blue. Yellow. White », le Miles de Bitches Brew ou de Dark Magus ; du jazz rock partout, entre Weather Report et Chick Corea ; de l’Aphex Twin dans les cut-up rythmiques ; du Frank Zappa dans l’orchestration et le goût pour les titres absurdes… Rassurez-vous, Low Electrical Worker n’est pas juste un collage. Disons que c’est une infusion de tout cela dans une grande quantité de culture urbaine, d’expertise musicale et de bidouillage informatique. En fin de disque, une recherche d’atmosphères plus « planantes » (« Mahalia », « Mr. Darcy ») annonce peut-être les futurs développements de son esthétique.

Avis aux amateurs : publié sous licence Creative Commons, le CD peut être réutilisé à des fins non commerciales, remixé ou samplé sans complexe. Pour plus de commodité, on y trouve d’ailleurs les samples du titre « Dr Beauchef, Penguin Dentist ». Le label Colortone propose même de distribuer en ligne les remixes issus de l’album. Au-delà de l’intérêt évident que cela présente pour tous les pratiquants de la MAO, un tel désossage du titre permet de repérer plus analytiquement les ressorts de la musique. Doit-on le préciser ? Les membres de Kneebody ont une importante activité pédagogique !