Kristjan Randalu & Dave Liebman

Les Tableaux d’une exposition de Moussorgski sont de ces airs russes qui, colorés et joyeux, peuvent enchanter tout un après-midi. Les premières notes du thème restent en tête. Longtemps. Popularisés et rendus légers par Ravel, visités par le prog-rock d’Emerson, Lake and Palmer, il fallait s’attendre qu’un jour le jazz s’y intéresse directement. C’est le pianiste estonien Kristjan Randalu, connu pour ses collaborations avec Ben Monder ou Petros Kamplanis, qui en propose sa vision, revisitée, forcément. Avec l’appui de Dave Liebman, qui signe son retour chez Budapest Music Center après une collaboration avec Gábor Gadó. Dans l’esprit de ce que Liebman propose avec Richie Beirach (soprano fouineur et lyrique), Randalu propose sa propre exposition, jolie et un peu sage, revenant toujours à ce thème léger, petite obsession qui donne, paradoxalement, un tour post-moderne à l’ensemble. Surtout lorsque sur le tonitruant « Gnomus » la main gauche se fait impitoyable, roulant des basses pour projeter une œuvre plus brute dans un ensemble élégamment virtuose.