Chronique

[LIVRE] Alexandre Clérisse

Jazz Club

Alexandre Clérisse (texte et dessin)

Label / Distribution : Dargaud

Les bandes dessinées sur le jazz sont trop rares pour qu’on se permette d’en manquer une. Evidemment, tout amateur de neuvième art et de jazz fera référence au standard du genre : Barney et la note bleue de Loustal et Paringaux, voire au Fats Waller d’Igort et Sampayo. Le Jazz Club d’Alexandre Clérisse peut désormais rejoindre les deux autres bandes dessinées sur les rayons de la bibliothèque…

L’intrigue est simple : Norman, un saxophoniste soprano génial, perd sa mie et son la en même temps. Désabusé, il se fait kidnapper par des illuminés persuadés que l’année 2000 sonnera la fin du monde et que seul le jazz peut sauver l’humanité du désastre ultime. Le saxophoniste parvient à leur échapper, mais sans retrouver pour autant le fil de ses notes. Réfugié dans le sud de la France, Norman coule des jours paisibles avec son chien jusqu’au jour où le passé le rattrape… « La fuite n’est jamais la meilleure solution » constate le musicien avec amertume.

Cette fuite en images a d’abord été publiée sous forme d’épisodes improvisés sur coconino-world. Clérisse a habilement construit son scénario à l’aide de flashes-back, de détails réalistes (« un bœuf avec Miles Davis, Hancock, Shorter, Carter et les autres ») et de rebondissements rocambolesques.

Le trait de Clérisse évoque bien sûr Voutch avec ces longs corps élastiques presque plats, ces nez démesurés, cette absence de contour marqué autour des formes et ces décors soignés aux couleurs vives et aux dégradés distingués. Les vignettes aux bords arrondis et la mise en page sobre sont autant de caractéristiques qui rappellent aussi le dessinateur du Point.

Pour qui a lu, outre Jazz Club, la saga « africaine » Cœur Tam-Tam, le mélancolique Lie de vin, l’américaine Wyoming Doll ou le désopilant Le village qui s’amenuise, la chose est entendue : la collection Long Courrier vaut le détour. Un format 32 x 24 ample et agréable, une quadrichromie soignée, une mise en page aérée, une couverture cartonnée et, surtout, une ligne éditoriale d’auteurs.

Jazz Club est à coup sûr une bonne nouvelle pour le jazz et la bande dessinée. Même les irréductibles du dessin de « l’école belge » ou de « la voie réaliste » devraient tomber sous le charme de cette aventure haute en couleurs et en notes.

Dargaud, 64 p - prix indicatif : 13,50 €