Chronique

[LIVRE] Loustal / Paringaux

Barney et la note bleue

Depuis Cœurs de sable, publié il y a une vingtaine d’années, les œuvres de Jacques De Loustal et Philippe Paringaux, avec leur esthétique quasi cinématographique, constituent un monde à part dans l’univers de la bande dessinée.

En 1987, Barney et la note bleue fait sensation car Loustal et Paringaux s’inspirent de la vie de Barney Wilen, musicien tombé dans l’incognito et que cet album replace sous le feu des projecteurs.

L’intrigue, faite de disparitions et réapparitions, met en scène le destin tragique et malheureusement banal d’un saxophoniste noyé dans sa musique faute d’avoir su faire vivre l’amour. Le tout sur fond de « Besame Mucho », qu’il joue « comme personne ne l’a jamais joué », car « c’est son histoire à lui »…

Pas de phylactères dans cette bande dessinée, juste un texte sous les vignettes, comme une voix off, réaliste et impersonnelle, qui précise un peu les faits. Des dessins figés, des couleurs particulièrement soignées, des jeux très recherchés sur les teintes et les contrastes. Loustal et Paringaux réussissent parfaitement à traduire les ambiances - la soirée, les clubs, l’enregistrement, la décrépitude… - et les émotions - l’ennui, la fascination, le spleen, l’amour…

Barney et la note bleue est une bande dessinée d’esthète qui réjouira l’amateur de jazz, car, outre ses qualités picturales, c’est un des trop rares albums dont l’histoire fleure bon le jazz…

par Bob Hatteau // Publié le 7 février 2005
P.-S. :

Casterman - Collection « A Suivre » (Studio) - 1987 - 91 pages - Prix indicatif : 15 €