Chronique

La Section Rythmique

+2

David Blenkhorn (g), Guillaume Nouaux (dm), Sébastien Girardot (b), Harry Allen (ts), Luigi Grasso (as)

Label / Distribution : Frémeaux & Associés

L’un des trios les plus en vue de l’Hexagone quitte les rivages du jazz hot auquel on l’avait un peu trop vite associé pour naviguer vers les eaux plus troubles d’un middle-jazz lorgnant vers le bebop.
Le guitariste, qui semble possédé par l’esprit de Tal Farlow, esquisse un jeu à la cohérence extrême, d’une sobriété sèche et enjouée. Le contrebassiste fait preuve d’un sens de l’élégance brillante et bluesy façon Ray Brown, et le batteur ne se départit jamais d’une musicalité discrète à la manière d’un Denzil Best.
Pour cet album, ce trio a convié deux saxophonistes emblématiques d’un jazz perpétuellement en transition : entre le « lestérien » Harry Allen au ténor (parfois qualifié de « Frank Sinatra du saxophone ténor » - sic) et le « parkérien » Luigi Grasso à l’alto (touché par la grâce du Bird à l’âge de… cinq ans !), ce sont effectivement deux tendances musicales qui se conjuguent avec bonheur. Jouant des thèmes en toute sensualité harmonique, développant des questions et réponses au phrasé volubile sans être excessivement bavards, les deux soufflants savent laisser s’exprimer La Section Rythmique dans une joie communicative tout au long des dix plages de l’album. Ils laissent même le contrebassiste interpréter la mélodie sur « New Orleans » de Hoagy Carmichael, monument de second degré jazz.
Jouant avec les codes de la tradition, les musiciens déploient un sens de la danse et de l’humour fondé sur cette quête de la dignité qui guidait les auteurs des standards ici interprétés, et qu’on entend trop peu (« Wes Tune » de Wes Montgomery, « Day Dream » de Billy Strayhorn…).