Chronique

Lama + Joachim Badenhorst

Metamorphosis

Gonçalo Almeida (b), Susana Santos Silva (tp), Greg Smith (dm), Joachim Badenhorst (cl)

Label / Distribution : Clean Feed

Fondé à l’initiative du contrebassiste lisboète Gonçalo Almeida, le trio Lama existe depuis 2008 et réunit sa compatriote trompettiste Susana Santos Silva et le batteur Canadien Greg Smith. Trois enregistrements avant celui-ci témoignent de leur parcours - tous les trois parus chez Clean Feed dont un avec le saxophoniste Chris Speed - le clarinettiste Joachim Badenhorst s’invitant dans cette formation stabilisée en quartet depuis The Elephant Journey paru en 2015.

A partir d’un matériau bruitiste qui s’étire longuement et défie toute progression temporelle, le duo de soufflants développe des propositions improvisées aux lignes élégantes qui viennent enrichir la surface sonore pour finir par se détacher en discours individuels. Complémentaires jusque dans leur différence, dans leur façon de malaxer la matière, la clarinette joue des harmoniques et du mystère de son timbre tandis que la trompette éclatante mais dense propose un contrepoint lumineux qui ne manque pas de mordant. Les deux usent d’un langage issu des musiques improvisées aussi bien que de la musique classique.

Articulées autour d’une basse inamovible et épaisse, les compositions s’ouvrent sur des paysages aux accents klezmer qui évoquent inévitablement le Masada de John Zorn. Avec moins de frénésie mais une plus grande place accordée à l’installation de climats, Metamorphosis se décompose en quatre longues parties (suivies de deux pièces supplémentaires) et présente une variation d’atmosphères qui va de l’étude approfondie d’un grain musical (avec adjonction de parties électroniques) à des passages plus immédiats dans lequel le swing hargneux de la batterie pousse en avant les interventions de ses partenaires.