Chronique

Laurent Marode Sextet

I Mean

Laurent Marode (p), Jerry Edwards (tb), Abdesslem Gherbi (d), Fabien Marcoz (cb), David Sauzay (ts), Rasul Siddik (tp)

Premier opus du sextet du jeune pianiste Laurent Marode.

Marode propose un disque de hard bop dans la plus grande tradition, respectée ici avec dévouement et passion.

On note immédiatement que Marode a fait le choix d’une section cuivre haute en couleurs dont les membres sont des figures expérimentées du jazz international, et d’origines culturelles et humaines très différentes (David Sauzay, Jerry Edwards, Rasul Siddik).
Et le mélange est réussi ! L’apport des soufflants contribue largement à la réussite incontestable de cette œuvre. Il est évident que ce jeune leader sait où il met les pieds et pourquoi il a fait ces choix.

Au fil des morceaux on prend conscience de l’aspect percutant de cette « équipe » au sein de l’orchestre grâce à l’homogénéité du son, à la répartition des chorus entre cuivres et au jeu d’écoute et réponse. On sent là des aînés respectueux de leur leader et de la musique qu’on leur demande de jouer.

La section rythmique est plus discrète mais on remarquera la présence d’un autre jeune musicien, le batteur Abdesslem Gherbi. En compagnie de Fabien Marcoz, il offre au groupe une base solide qui, souvent, swingue méchamment.

Quant à Laurent Marode, chacune de ses interventions est inspirée et lumineuse. Ce pianiste ne table pas sur la virtuosité, la performance d’instrumentiste : son jeu est économe et intelligent, avec un beau sens du détail.

Marode, totalement au service de sa formation, n’hésite pas à rester derrière la section cuivre et lui faire des propositions, des idées de chorus. C’est sa façon à lui de diriger. Au bout de quelques écoutes on est surpris par la fluidité des morceaux. Sans s’en rendre compte, on se met à siffler les thèmes de ces précieuses et délicieuses compositions, très arrangées, très travaillées

C’est peut-être la marque du bon compositeur… Les sept pièces sont de Laurent Marode. Petit jeu : essayez de deviner quel musicien a pu l’inspirer à chaque fois… Quoi qu’il en soit, I Mean est une œuvre aboutie, un vrai plaisir de hard bop pur à découvrir impérativement.