Chronique

Le Corbu

Tibor Elekes, Famoudou Don Moye, Kirk Lightsey

Tibor Elekes (b), Famoudou Don Moye (dm), Kirk Lightsey (p)

Label / Distribution : Unit Records

Un live enregistré en 2014 à la Cité Radieuse à Marseille. Voilà qui a de la gueule !
Le contrebassiste suisse Tibor Elekes a su s’attirer les bons offices d’éminents représentants de la diaspora afro-américaine dans l’Hexagone : rien de moins que le monkien Kirk Lightsey au piano et le batteur-percussionniste Famoudou Don Moye, maître-tambour, entre autres, au sein de l’Art Ensemble of Chicago, pilier de l’AACM exilé en Europe et batteur de la dernière mouture de l’Attica Blues Big Band d’un certain Archie Shepp.

Le trio a su créer un renversant maelström de polyrythmies et d’harmonies. Bienheureux celles et ceux qui ont pu assister à l’évènement sur le toit-terrasse du « village vertical » au sud de la Cité phocéenne avé vue sur la mer… et le Stade Vélodrome : on espère qu’ils ont su se joindre à la danse infernale des improvisations débridées de cet ensemble impromptu.

La douce rage du contrebassiste alliée aux africanismes militants du batteur, saupoudrées du jeu solaire du pianiste : mélange éminemment subversif en ce lieu d’Ordre, squatt de luxe pour les CSP + phocéennes : ce jazz-là est un très beau pied-de-nez au fascisme architectural de Le Corbusier [1]. Libertaire, cela va sans dire.

par Laurent Dussutour // Publié le 9 avril 2017

[1Pour reprendre les termes du professeur d’Esthétique Marc Perelman.