Scènes

Le « Hot » repart comme en 48

Quelques écueils survenus en 2011 ont agi au Hot Club de Lyon, né en 1948, comme un détonateur. Désormais, le caveau et son affiche chaque soir différente reprennent leur essor…


Quelques écueils survenus en 2011 ont agi au Hot Club de Lyon, né en 1948, comme un détonateur. Désormais, le caveau et son affiche chaque soir différente reprennent leur essor : un joli projet d’extension du caveau vient de voir le jour. Le temps de réunir le financement et le Hot se dotera entre autres de salles de répétition et de loges.

C’est un vrai caveau. Au bout d’un escalier de pierre aux étranges réemplois. Deuxième sous-sol. Épaisse voûte en pierre : l’assurance qu’aucun bruit ne remontera à la surface. Résultat : ça tient du jazz autant que du bunker chaleureux. Surtout lorsqu’un big band est au programme. C’est le cas ce mercredi avec le Happy Stompers Big Band, pilier des lieux. Sauf accident, ils sont une vingtaine sur scène. Tout comme le Big Band de Francheville, venu le 12 janvier. Ou le Big Band RN7, attendu le 28. Pour le coup, la scène déborde un peu dans la salle et les trombones doivent viser juste au moment de déplier. Et prière de dégager l’allée centrale lorsque le set s’interrompt pour quelques instants et que les musiciens veulent gagner le bar… Bref, la saison 2012 du Hot Club de Lyon est lancée et bien lancée : une formation différente chaque soir de semaine (relâche les dimanche et lundi), une jam session le samedi et des projets d’extension en perspective.

De quoi faire oublier une rude année 2011 où le Hot a dû affronter la conjugaison de plusieurs vents contraires : quelques concerts trop coûteux, des entrées mal contrôlées et, pour finir, un contrôle fiscal qui involontairement, a pointé du doigt le fonctionnement toujours particulier d’un club de jazz où les clients (et consommateurs) sont aussi musiciens, copains de longue date, petites mains, étudiants, qui oublient souvent, dans le feu de l’action, d’acquitter les tournées de bières et les taxes qui vont avec. De ce qu’on en a su, les choses se sont à peu près bien terminées. Le club (une association loi 1901), placé sous surveillance durant six mois, s’est engagé à mettre de l’ordre dans sa gestion et à rembourser ses dettes. Une assemblée générale, lundi 16 juin 2011, a entériné les décisions et mis en place une nouvelle organisation artistique : trois « collèges » fonctionnant par courant musical (traditionnel, moderne, contemporain) se partagent désormais la programmation à parts égales.

Jean-Louis Mendon X/DR

Retour à l’esprit d’origine

Ce faisant, le Hot est revenu à son esprit premier : toutes les formations programmées y jouent gratuitement, assurant ainsi une permanence musicale tous styles. Finies, au moins pour six mois à un an, les belles affiches pour lesquelles le Hot cassait sa tirelire en espérant se refaire sur les entrées et le bar. Ainsi, l’an dernier, Ron Carter en trio. Mémorable. Pourtant, malgré deux sets et des tarifs d’entrée relevés pour l’occasion, le Hot en a été largement de sa poche. Il en sera de même du Festival 2012, présenté mardi 27 mars et prévu du 24 au 28 avril. Économies obligent, tous les concerts se dérouleront au Hot et non plus, comme les cinq précédentes éditions, dans une salle à l’italienne des bords de Saône, marquées par la venue d’un Portal ou d’un Galliano.

Ce faisant, le Hot devrait retrouver rapidement son aisance. D’ailleurs, on évoque de plus en plus l’idée de doubler la surface du caveau en récupérant et modernisant les caves voisines de toute beauté. Y seraient aménagées salle de répétition, loges pour musiciens et autres espaces. Ne reste plus qu’à réunir les fonds nécessaires pour lancer l’opération, planifiée sur trois ans.

Reste l’essentiel : ces incidents de parcours n’ont fait que renforcer l’esprit quasi militant du Hot Club de Lyon, 63 ans d’existence. Ce qui explique les prix modiques pratiqués (5€ la soirée pour les étudiants et adhérents) et le rôle irremplaçable que joue ce caveau auprès d’un jeune public qui fait souvent ici ses premières rencontres musicales.

Qui est aux commandes du Hot Club ?

Depuis 1948, le Hot Club de Lyon a toujours fonctionné de la même façon : c’est une association dont les membres élisent un conseil d’administration en bonne et due forme. Généralement, les équipes sont installées pour durer. Affaire de copains, d’amoureux de musique et de ripailles nocturnes. Tout est fait pour que le caveau tourne à moindres frais et pratique des tarifs d’entrée attrayants. Cette continuité transparaît aussi dans l’identité de ses dirigeants : Gérard Vidon l’a présidé 20 ans avant de passer la main, il y a cinq ans. Le Hot a alors placé à sa tête Jean-Louis Mandon, galeriste de son métier, qui a notamment piloté durant des années le festival de Francheville. Lors de l’AG du 16 janvier 2012, il a bien entendu été reconduit dans ses fonctions, en même temps qu’a été élu le nouveau bureau, composé en majorité de musiciens, comme il se doit.

  • Hot Club de Lyon, 26 rue Lanterne, Lyon 69001. Tel : 04 78 39 54 74. Concerts du mardi au samedi à 21h30.
  • Du mardi au jeudi : 5 à 10€.
  • Les vendredi et samedi : 7 à 10€ (sauf dates majorées).

Au programme dans les jours à venir :

  • 10/02/2012 : Marie Joannon & JB Hadrot + Nicolas Courtinot (gr)
  • 15/02/2012 : XB Trio (moderne)
  • 24/02/2012 : Les Tontons Swingers
  • 06/03/2012 : Tribute Quintet (hard bop)