Les Yeux de la tête / Mosca Violenta

Il y a quatre ans, le trio Les yeux de la tête présentait avec Nerf un visage entre rock et jazz marqué par le travail de John Zorn. Mosca Violenta, qui est à la fois le nom de l’album et, désormais, le nom du groupe (las d’être confondu avec d’autres), s’inscrit dans une démarche similaire. La musique est toujours aussi corrosive, portée par une base rythmique puissante et acide que déchire un ténor ronflant (« Qui Totum Vult Totum Perdit »). Les musiciens, toujours désignés par leur seul prénom, ont, quant à eux, évolué ; Pierre est maintenant à la batterie. Sa frappe plus proche du métal entraîne l’ensemble vers cette esthétique, notamment la basse saturée de Luc, qui enserre le ténor de sa puissance (« Terroris Chorus »). La mouche violente aux yeux kaléidoscopiques a beau zonzonner en tous sens au fil de l’album, son trajet vers le rock est désormais univoque. Restent quelques pointes d’humour dans le chaos, comme ce « Blue Rondo à la Truc » qui donne du relief à un album nerveux.