Chronique

Leyla McCalla

Capitalist Blues

Label / Distribution : Jazz Village

Le troisième album de Leyla McCalla confirme tout le bien qu’on pense de cette artiste.
Une originalité dans la tradition, une implication sociale et politique, une curiosité sans frontière donnent à sa musique toutes les couleurs de la créolité et du syncrétisme néo-orléanais – haïtien.

Sans son violoncelle cette fois, mais en mettant la voix et le texte en avant, accompagnée par King James and the Special Men, un ensemble de la Nouvelle Orléans – où est enregistré l’album – elle propose une série de musiques qui vont du blues du Delta au calypso, en passant par différents lores caribéens, jusqu’au folk. Dans ce joyeux brouet dynamique et dansant, les textes en créole ou en anglais chantent les problèmes des femmes, des mères, des laissés pour compte mais aussi de l’amour, toujours, et de l’espoir un peu.

En se posant comme auteure et chanteuse, McCalla donne une nouvelle direction à sa musique, plus populaire, plus accessible aussi – les gens aiment les paroles – mais sans renoncer à ce qui fait l’essence de sa démarche : des racines profondément plantées dans le blues.
A la fois pleine de nonchalance dans les accents vocaux, elle sait aussi jouer d’une certaine fêlure qui, enrobée par les cuivres ou les glissandi de bottleneck, donne ce côté vintage qui évoque très fortement la fin d’après-midi sur un rocking-chair sous le porche en bois d’une maison posée dans un bayou…

Le parcours de Leyla McCalla, depuis sa participation comme violoncelliste au groupe Carolina Chocolate Drops et au projet Music is My Home de Raphaël Imbert, jusqu’à sa relecture des textes de Langston Hughes, est construit avec une cohérence qui se retrouve ici encore. Et sans se départir d’un certain humour à froid qui se retrouve aussi bien dans les expressions que dans certains arrangements.

Capitalist Blues est ancré dans le blues, politiquement engagé, drôle et riche de couleurs. Une réussite, donc.