Scènes

Louis Sclavis & Amarillis : inspiration baroque à Angers

Concert de l’ensemble Amarillis et Louis Sclavis à la Collégiale Saint-Martin à Angers le mardi 13 mars 2018
Photo Michaël Parque.


Photo Michaël Parque

En marge de ses propres formations, nouvelle aventure pour Louis Sclavis qui fait décidément de l’universel son territoire de prédilection. En associant sa clarinette à l’ensemble baroque Amarillis (dirigé par la flûtiste Héloïse Gaillard), il prolonge une tradition séculaire de l’improvisation. Au côté, également de Matthieu Metzger (saxophone), ce sextet atypique a donné dans la Collégiale Saint Martin à Angers (dans le cadres des Résonances Saint-Martin), un concert en suspend et renoué avec une musique sans âge.

Louis Sclavis a toujours cherché à ne pas s’enfermer dans un genre particulier et chaque aventure nouvelle est le moyen d’élargir sa soif de découverte et stimuler son désir (il joue également avec le quatuor de saxophones Habanera). Au centre du transept de ce magnifique bâtiment religieux situé au cœur de la ville, le clarinettiste a donné un concert au côté d’un ensemble baroque aussi audacieux que lui en matière de ponts jetés entre les styles.

Héloïse Gaillard est à la flûte et au hautbois, cofondatrice avec Violaine Cochard, au clavecin, de cet ensemble à géométrie variable, elle réunit ici un quintet que complète Annabelle Luis au violoncelle baroque et Jean-Philippe Feiss au violoncelle. Le saxophoniste Matthieu Metzger, quant à lui (à l’aise avec l’électricité radicale de Marc Ducret comme avec l’accordéon entêtant d’Armelle dans son duo Rhizottome), pose à l’instar du clarinettiste (avec qui il a joué sur le projet Lost on the way) un pied dans chacun des univers.

Louis Sclavis, photo Christian Taillemite

Dans une alternance de pièces issues du répertoire du XVIIe et XVIIIe siècle, dans lequel Héloïse Gaillard se montre une meneuse enthousiaste qui se meut au gré de la sinuosité des phrases et de pièces contemporaines signées notamment de Louis Sclavis, le public assiste à des collages audacieux entre les époques et les genres. Les transitions franches et sans annonce vers des morceaux plus improvisées où les dissonances sont mise en exergue plutôt que fondues dans les harmonies baroques donnent du relief au concert en apportant une fraîcheur du meilleur effet.

Profondeur et immédiateté, rebonds ou sillons creusés, les tableaux sont organisés avec une alternance en rien systématique autour du trio clarinette, saxophone, violoncelle ou clavecin, flûte, violoncelle barroque. Un ensemble éclaté qui sait se souder à nouveaux pour des morceaux plus ambitieux qui nous font traverser les oeuvres de Dario Costello, Andrea Falconieri, Marin Marais, Jean Barrière, Jacques Martin Hotteterre, George Philipp Telemann, Georg Friedrich Haendel, Henri Purcell ou creuser les improvisations libres de nos deux soufflants.