Chronique

Louis Sclavis Quintet

Rouge

Louis Sclavis (cl, ss), Dominique Pifarély (vl), Bruno Chevillon (cb), François Raulin (p, synthétiseur), Christian Ville (dm)

Label / Distribution : ECM

Série de rééditions en digipack cartonné et pochette originale chez le label ECM. Telles quelles, sans appareil critique particulier ni ajout de pistes alternatives, ces rééditions sont l’occasion toutefois de (re)découvrir les musiques qui ont marqué une époque. Témoin Rouge, première référence de Louis Sclavis sur le label munichois en 1992.

Reconduisant la même équipe que sur Chine paru en 1987 chez IDA Records (Dominique Pifarély au violon, François Raulin au piano, Bruno Chevillon à la contrebasse et Christian Ville à la batterie), la musique du clarinettiste est là toute entière. Il la développera, avec les variations qu’on lui connaît, dans les décennies suivantes.

Son goût pour les déroulés intelligemment scénarisés, l’articulation entre des mélodies chantantes et une écriture contemporaine, font la part belle à des tensions fructueuses qu’investissent avec beaucoup de verve ces (alors) jeunes musiciens en dépassant le trop formel thème/solo/thème pour des explorations plus circonstanciées.

Ce faisant, avec une petite trentaine d’années de recul désormais, il est à noter que ces musiciens ont participé à l’édification d’un vocabulaire européen largement répandu depuis. Leur virtuosité naturelle au service d’une ligne oscillant entre l’immédiateté d’un swing hérité de l’Amérique et l’envie urgente d’investir des territoires plus âpres mais habités avec fébrilité font de ce disque un must-have pour qui apprécie ces esthétiques exigeantes mais malgré tout immédiates.