Chronique

Ludovic Beier Quartet

New Montmartre

Ludovic Beier (acc), Christophe Cravero (p, Fender Rhodes), Pascal Sarton (b), Frédéric Rottier(dm)

Label / Distribution : Le Chant du Monde

Un quartet composé d’un accordéon et d’une section rythmique piano/basse/batterie, ce n’est pas si courant ; c’est pourtant au sein d’une telle structure que l’accordéoniste Ludovic Beier a choisi d’évoluer pour son premier enregistrement en tant que leader. Si, jusqu’à aujourd’hui, il s’est fait surtout remarquer aux côtés de musiciens manouches tels qu’Angelo Debarre (Come into my Swing !) et Dorado Schmitt, New Montmartre est l’occasion pour lui de parcourir de façon ludique un large éventail des styles du jazz à travers une majorité de compositions personnelles. Un thème purement bop (« Spicy Voyage ») peut cohabiter avec un blues endiablé (« Yellow Cab Blues »), une ballade (« Is It Love Tonight ? ») guincher sans complexe avec une valse (« Waltz in Paris »)… Outre les compositions elles-mêmes, les atmosphères sont également renforcées par le choix des différents instruments : Christophe Cravero est à quelques reprises au Fender Rhodes, et Pascal Sarton indifféremment à la basse électrique ou à la contrebasse.

Le toucher de Ludovic Beier est remarquable de précision et de swing ; les thèmes exposés de façon enjouée et sensible, et les chorus bien souvent d’une vélocité diabolique, Beier utilisant au mieux les possibilités de l’accordéon pour alterner des cascades de notes aussi bien que des improvisations en accords. Néanmoins, on appréciera sa capacité à se mettre en retrait afin d’offrir à ses partenaires de vastes espaces d’expression.

Ainsi, entre la complicité des musiciens et l’éclectisme des styles qui fait de ce disque une sorte d’inventaire à la Prévert, New Montmartre s’écoute avec grand plaisir et nous rappelle que la route du jazz de qualité ne passe pas nécessairement par l’innovation.