Portrait

Lyambiko : A star is born

Le Rhino Jazz Festival joue encore son rôle de tête chercheuse…


Pas de crainte à avoir : le Rhino Jazz Festival joue encore le rôle qu’on apprécie tant chez lui : celui de tête chercheuse de nouveaux talents de la scène jazz. Jean-Paul Chazalon, créateur de ce festival désormais installé à Saint-Chamond, dans la Loire, a programmé lors de l’édition 2009 la germano-tanzanienne Lyambiko. Cette chanteuse se produit peu en France et c’est dommage car ce fut une belle surprise.

Voix magnifique, dense, profonde, distillant l’émotion : Lyambiko était le 20 octobre 2009 au Radiant, à Caluire, devant un public nombreux qui ne regretta pas d’être venu à ce concert sur la seule foi du « label » Rhino, festival de jazz qui s’est déroulé cette année dans une bonne quinzaine de salles différentes du Rhône et de la Loire.

Lyambiko est encore peu connue en France. Elle a pourtant six disques à son actif, mais seul le plus récent, Saffronia consacré à Nina Simone (une bonne dizaine de reprises), a été distribué dans l’Hexagone, et ce, dans une relative discrétion. Ce sont ces thèmes qu’elle a chantés au Radiant, outre une chanson tanzanienne, « Mawe Mawe », histoire de rappeler ses racines.

Si l’hommage à Nina Simone reste respectueux, il n’en est pas moins avisé. Lyambiko s’approprie le répertoire, le transfigure grâce à des réarrangements qui lui confèrent une coloration personnelle. Comment ne pas être touché par un “Don’t Let Me Be Misunderstood” revisité, à la fois dense et nuancé, tout en retenue ? Lyambiko s’approprie aussi délicatement l’hymne anti-raciste “Four Women”, ou joue de tous les registres - du jazz le plus classique au funk et au blues - avec « My Baby Cares For Me… » et un surprenant et émouvant ”I Put A Spell On You ».

Photo X/DR

Née en Allemagne dans une famille de musiciens (son grand-père jouait déjà dans un groupe de jazz dans les années 30, et son père a multiplié les expériences musicales en Tanzanie, entre chants d’église et participation à des groupes de jazz et de musique traditionnelle), la chanteuse ne pouvait que tomber très jeune dans le chaudron… Elle commence par le saxophone et la clarinette tout en affinant ses capacités vocales via le chant classique. A 17 ans elle fonde un groupe d’inspiration folk/pop/blues et remporte un concours qui lui permet de réaliser son premier enregistrement studio. Elle fait alors le choix d’une carrière musicale et s’installe à Berlin en 1999. Elle y parfait sa formation musicale et se produit dans les clubs de jazz dans diverses configurations.

Lors du concert de Caluire, elle était accompagnée par un excellent trio : Marque Lowenthal (piano), Robin Draganic (contrebasse) et Heinrich Köbberling (batterie) bien loin d’être de simples faire-valoir, ont assuré le contrepoids nécessaire face à la forte personnalité de Lyambiko. Malgré son indéniable talent, la chanteuse a encore du chemin à faire : son jeu de scène, quoique compensé par sa « présence » naturelle, reste limité. Mais elle saura certainement évoluer.
On rêve déjà d’une Lyambiko au meilleur de sa forme…