Scènes

Machado/Liebman live in Rennes

Jean-Marie Machado et David Liebman étaient en concert à Rennes le 3 février 2004. La même semaine, ils devaient enregistrer un album ensemble. Prévenez moi dès qu’il sort.


Le 5 décembre 2003, à Paris, au Sunside, j’avais entendu David Liebman en duo avec Marc Copland. J’en étais resté émerveillé. Leur album « Bookends » est à la hauteur de mes impressions de concert. Le 3 février 2004, je retrouvais David Liebman avec Jean-Marie Machado à Rennes, à la MJC Bréquigny. Depuis j’attends l’album…

Jean Marie Machado : piano
David Liebman : saxophone soprano, flûte

Rennes, MJC Bréquigny, mardi 3 février 2004.

A priori, le meilleur concert jazz de l’année 2004 à Rennes. Heureusement pour moi, j’y étais.

En première partie, un groupe de bons amateurs rennais dans un hommage à Chet Baker. Jean Groheitch : piano ; Philippe Leclerc : guitare basse électrique ; Serge Gaspel : bugle, trompette. C’était élégant et agréable.

Ensuite vinrent les héros de la soirée, sans micro. Pour ceux qui ne la connaissent pas, la Maison des Jeunes et de la Culture de Bréquigny à Rennes dispose d’une excellente acoustique tout à fait adaptée à la subtilité de cette musique.

Jean-Marie Machado par Nicolas Perrier

J’avais entendu David Liebman deux mois plus tôt à Paris avec Mark Copland, pianiste américain de style plutôt impressionniste. Jean-Marie Machado, lui, est français d’origine portugaise, et disciple de Martial Solal. Son jeu est beaucoup plus charnu, musclé que celui de Mark Copland. Ce n’est ni mieux ni moins bien, juste différent.

Mais celui qui m’a le plus impressionné, c’est David Liebman qui, tout en restant lui-même, s’adaptait parfaitement à cette musique faite de compositions originales, de variations sur le fado et le flamenco, bref, un univers très différent de celui de Mark Copland et du sien. Cet homme a tous les sens en éveil. Il est en phase avec le monde, si sûr de son art qu’il peut se lancer n’importe quel défi. Ce soir-là, il n’avait pas pris son saxophone ténor ; mais ce qu’il fit avec son saxophone soprano était au-dessus de mes espérances. Peut-être est-ce le jeu viril, musclé de Machado qui l’a conduit à ce choix ? Avec Mark Copland, plus évanescent, le ténor ajoutait de la présence.

Je n’avais entendu Jean-Marie Machado qu’une seule fois en concert, à Genève, au parc des Eaux Vives, en solo, il y a 15 ans. Il a n’a pas déçu les espoirs placés en lui. Le jeune virtuose est devenu un maître capable de créativité, de sensibilité, tant sur le « Well You Needn’t » de Monk que sur un fado d’Amalia Rodriguez ou ses compositions personnelles.

J’étais à ce concert avec un ami pianiste. Nous étions tellement pris par la musique que nous n’avons même pas parlé à la charmante jeune fille qui n’avait trouvé une place assise qu’entre nous deux. Les cons !

par Guillaume Lagrée // Publié le 6 septembre 2004
P.-S. :

J’ajoute que Jean-Marie Machado fait preuve d’un humour solalien dans ses annonces de morceaux (l’influence du Maître va loin !). Il nous a notamment appris que ce duo, « un des meilleurs du monde du jazz, ne pouvait qu’intéresser les producteurs » et qu’ils enregistreraient un album à la fin de la semaine. Bref, ils étaient en pleine phase d’émulation créatrice lors de ce concert.