Chronique

Makaya McCraven

Universal Beings

Makaya McCraven (dm), Brandee Younger (harpe), Tomeka Reid (cello), Joel Ross (vib), Dezron Douglas (b), Shabaka Hutchings (ts), Junius Paul (b, perc), Nubya Garcia (ts), Ashley Henry (elp), Daniel Casimir (b), Josh Johnson (as), Miguel Atwood-Ferguson (vln), Jeff Parker (g), Anna Butterss (b), Carlos Niño (perc)

Label / Distribution : International Anthem

Aux États-Unis, Universal Beings a été l’un des disques les plus remarqués de 2018. Avec quatre faces distinctes, chacune enregistrée dans une ville différente avec un groupe spécifique, le format du double album vinyle lui convient parfaitement (une version double-CD existe également).

Makaya McCraven est un batteur sensible, intelligent et polyvalent avec des idées précises. Cela dit, les techniques de collage et les bidouillages opérés par McCraven à partir des bandes récupérées de séances live ne produisent pas des résultats révolutionnaires et le fondu sonore utilisé à presque chaque fin de morceau souligne les limites du procédé en contournant la difficulté de les amener à une conclusion satisfaisante.

Il n’en reste pas moins un enregistrement agréable présentant plus qu’un certain intérêt. Chaque morceau est un organisme vivant qui se développe de manière naturelle suivant l’inspiration du moment. McCraven et le contrebassiste auquel il est associé à chaque fois donnent souvent le ton. Ils favorisent le groove, mais cela ne les empêche nullement de swinguer à l’occasion. Ce sont donc les artistes recrutés à chaque étape qui donnent à chaque face sa personnalité et sa couleur. À New York, c’est l’instrumentation qui frappe avec un mariage original associant harpe, vibraphone et violoncelle. Il en résulte une musique planante et pleine d’atmosphère. À Chicago, le saxophoniste anglais Shabaka Hutchings, de passage alors pour le festival de jazz, apporte de l’incandescence tandis que la violoncelliste Tomeka Reid tire encore une fois son épingle du jeu – elle a peut-être trouvé en McCraven un musicien qui lui permet d’exprimer au mieux ses talents d’improvisatrice. Le groupe londonien propose des morceaux lancinants, presque hypnotiques, avec de rares envolées lyriques de la saxophoniste Nubya Garcia. Enfin, dans le garage du guitariste Jeff Parker dans la Cité des Anges, on a droit à des déambulations à la décontraction toute californienne avec l’hôte des lieux redonnant toute sa signification au mot « gratte ».