Chronique

Marco Bardoscia

Opening

Marco Bardoscia (b), Raffaele Casarano (as, ss, xaphoon), Alberto Parmegiani (g), Dario Congedo (dm), Gianluca Petrella (tb), Andrea Sabatino (tp), Alessandro Monteduro (perc.)

Label / Distribution : Jazz Engine

Bonne humeur et fraîcheur sont au rendez-vous sur le premier disque, en tant que leader, de Marco Bardoscia.

Ce jeune contrebassiste italien a rassemblé autour de lui des musiciens croisés dans différentes formations. On retrouve ainsi le saxophoniste Raffaele Casarano avec qui il avait enregistré Legend, ainsi que le batteur Dario Congedo. S’ajoute à cela un excellent guitariste, Alberto Parmegiani, qu’on a pu entendre aux côtés de Nicola Conte ou Rosalia De Souza, entre autres. Pour pimenter l’ensemble, Bardoscia s’est également offert les services du talentueux tromboniste Gianluca Petrella (entendu avec Enrico Rava [1]. Fidèle à sa réputation et à son style, celui-ci amène son côté un peu iconoclaste, n’ayant jamais peur de bousculer un jazz déjà très swing et groovy à la base. Le quartet invite aussi, le temps d’un morceau, un trompettiste (Andrea Sabatino) qui ajoute encore à la brillance du thème, et s’enrichit sur un autre d’un percussionniste bouillonnant (Alessandro Monteduro).

La plupart des compositions sont de Bardosccia. L’écriture est directe et spontanée. Basée sur des rythmes souvent soutenus et des tempos fluctuants, les mélodies sont prépondérantes. On se les accapare immédiatement, mais on ne les lâche pas si vite. Il faut dire que développement et digressions nous tiennent en haleine et nous font basculer d’une atmosphère à l’autre avec une belle cohérence. La combinaison entre sax et trombone offre des échanges vigoureux et vivifiants. Les dialogues sont limpides, et si l’on joue parfois la surenchère, on ne tombe jamais dans l’excès ni la démonstration. Casarano, principalement à la clarinette, profite de quelques espaces pour s’échapper dans des improvisations à la limite de la rupture, se retenant bien, toutefois, de jamais y succomber totalement. Belle maîtrise.
En tant que leader, Bardoscia s’aménage, lui aussi, des plages où laisser éclater sa verve sur l’instrument. Le son est profond, puissant, charnu, boisé et toujours punchy. Evitant la répétition et voulant offrir une palette d’ambiances assez large, Opening s’articule autour de thèmes aux accents tantôt latins (« I Don’t Know ») tantôt hard bop, ou mélange intelligemment swing et breakbeat jungle (« No Money »). Cela nous permet d’apprécier la grande qualité de jeu du batteur, ainsi que le phrasé souple et très coloré du guitariste (Parmegiani), sur les très intimistes « Meditazione » ou « Solo Per Te », par exemple.

Opening se déguste avec bonheur et insouciance, comme on déguste une glace en regardant les discussions animées des passants sur une place italienne, au soleil, en fin d’après-midi. Un petit bonheur qui, avouons-le, ne se refuse pas.

par Jacques Prouvost // Publié le 17 avril 2008

[1et auteur de deux excellents albums avec son propre quartet, "Indigo 4 »)