Chronique

Marjolaine Reymond

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Marjolaine Reymond (voc. electronics), Denis Guivarc’h (as), Bruno Angelini (p, Fender Rhodes), Olivier Lété (b), Christophe Lavergne (d), Régis Huby (vln), Clément Janinet (vln), Guillaume Roy (alto), Marion Martineau (cello).

Label / Distribution : Cristal Records

Marjolaine Reymond construit sa singularité avec constance, et applique le principe d’André Hodeir qui consiste à agrandir le jazz pour ne pas en sortir.

L’infrastructure jazz est assurée principalement par le piano (Bruno Angelini), attentif aux directions proposées par Marjolaine Reymond, et le saxophone alto de Denis Guivarc’h, ni moderne, ni post moderne, seulement contemporain. Les effets électroniques se situent en superstructure, avec des éléments rappelant Phil Glass, sans recherche d’effets de saturation. Le quatuor à cordes, avec Régis Huby premier violon, vient en contrefort de l’édifice, avec une intensité et une brièveté toutes Weberniennes (« Orfeo e Proserpina »). Reste la partie vocale qui assure la totalité de l’ensemble du projet. La voix ne cherche aucun effet facile. Textes et vocalises sont mêlés, et l’on rencontre un univers très proche de celui d’Annette Peacock (An Acrobat’s Heart), ou de celui de Susanne Abbuehl (The Gift), pas seulement en raison de textes d’Emily Dickinson, qui servaient déjà d’inspiration dans To Be An Aphrodite Or Not To Be, l’enregistrement précédent de Marjolaine Reymond (2013) qui avait été fort justement estimé à l’époque.

On espère que le cercle de ceux qui avaient apprécié s’élargisse. Et pour terminer : le disque est construit sous la forme d’un polyptyque en quatre parties : le Bestiaire, les Métamorphoses, l’Odyssée, l’Exode), aux références médiévales, antiques, romaines, grecques et bibliques. Il n’est absolument pas nécessaire d’adhérer pleinement à ces problématiques (exactement comme un laïc face à l’art religieux) pour pouvoir apprécier au plus haut degré le travail réalisé par Marjolaine Reymond.