Chronique

Mark Weinstein

Tudo de Bom

Mark Weinstein (fl), Richard Boukas (g, voc, perc, divers), Nilson Matta (b), Paulo Braga (d), Vanderlei Pereira (perc)

Label / Distribution : String Jazz Recordings

Pour fêter son 60e anniversaire, le compositeur et musicien brésilien Hermeto Pascoal a décidé de composer un petit morceau tous les jours : le « Calendário do Som ». Les morceaux n’ont pas de titre, mais sont numérotés et identifiés par style : bossa nova, choro, samba et baião, entre autres. Sur Tudo de Bom le chanteur et guitariste Richard Boukas a pris 13 de ces morceaux et créé un écrin pour le flûtiste américain Mark Weinstein.

L’album est dominé par des mélodies rapides et sautillantes, l’alternance de solos de flûte et de guitare et les vocalises de Boukas. Les trois premiers morceaux créent une atmosphère joyeuse et joueuse, mais à la longue ce déluge de notes (des flux constants de double-croches) et de sauts d’intervalles devient fatigant. En effet, malgré quelques moments plus délicats comme Song #5, Valsa/Guarânia et les multiples astuces déployées par Bourkas (chorales vocales en overdubbing, une pléiade d’instruments à cordes), peu de mélodies ou de solos s’accrochent à la mémoire : l’album en devient monochromatique. De plus, les nombreuses vocalises du guitariste risquent de déplaire à beaucoup d’auditeurs.

Cela dit, l’album se termine bien, avec l’intimité nocturne de Song #15, Valsa, la tristesse de Song #31, Valsa, la festive Song #2, Maxixe et la puissance physique, très noire, de Song #29, Baião. Les dernières notes de l’album, qui s’évanouissent en un fade-out frustrant, sont celles d’une musique débridée et vivace, remplie de percussions et de dissonances. Il est dommage que cette liberté ait été si peu présente dans le reste de l’album, Bourkas lui ayant préféré des arrangements serrés, presque étouffants.

Un dernier regret est que la batterie de Paulo Braga soit autant cachée au mixage ; dommage, car ce qu’on en perçoit est excellent et précis.