Chronique

Masqualero

Masqualero

Arild Andersen (b), Jon Christensen (dm), Nils Petter Molvaer (tp), Tore Brunborg (saxes), Jon Balke (p)

Label / Distribution : Odin Records

Premier album du quintette norvégien publié en 1983 chez Odin Records avant que celui-ci ne migre ensuite plus au Sud, chez ECM, Masqualero est ici réédité par son label initial. Aux neuf titres originaux composés par l’ensemble des musiciens — à l’exception de Jon Christensen — plus le titre éponyme composé par Wayne Shorter, cette version bien évidemment remasterisée ajoute un morceau issu des sessions d’enregistrement originales (qui durèrent trois jours) ainsi que quatre titres inédits mis sur bande deux ans plus tard — et, déclin du disque laser oblige, le tout dans un étui de carton aussi redondant qu’inutile.

Pourquoi une telle attention ? Cet album, regroupant deux générations de jazzmen, le bassiste Arild Andersen et le batteur Christensen d’un côté, les soufflants, Tore Brunborg au saxophone et Nils Petter Molvaer à la trompette de l’autre, ainsi que Jon Balke aux claviers faisant le trait d’union (avant d’être remplacé par Frode Alnæs, guitariste, sur le troisième album), fut non seulement primé lors de sa sortie mais fit date, également, dans le rayonnement du jazz norvégien. Et il faut dire que, pour ne pas l’avoir écouté à sa sortie — des oreilles encore trop étroites sans doute —, le découvrant donc pour la première fois, c’est un disque non pas sans âge mais sans un grain de poussière que l’on fait tourner sans discontinuer, et à sa grande surprise, sur son archaïque platine. Effet d’une remasterisation soignée, ou choix toujours pérenne des musiciens dans leur approche de l’instrument, chacune des voix qui « composent » cet album - même le son des claviers électriques qui aurait pu faire daté - souffle, cogne, siffle, palpite avec une telle énergie, une telle sûreté dans l’accomplissement, qu’on se prend à aimer les entendre quelle que soit la richesse, inégale, des morceaux.