Scènes

Matthieu Donarier - Dragoon

Après avoir présenté pour la première fois ce répertoire au Petit Faucheux de Tours en février, le nouveau quartet de Matthieu Donarier est venu partager sa poésie électrique avec le public de la péniche L’improviste à Paris.


Après avoir présenté pour la première fois ce répertoire au Petit Faucheux de Tours en février, le nouveau quartet de Matthieu Donarier est venu partager sa poésie électrique avec le public de la péniche L’improviste à Paris.

S’il ne fait aucun doute que le son de groupe va encore se densifier avec le temps (« On en est encore au stade des pupitres », plaisante Donarier), on ne peut qu’être enthousiasmé par cette proposition musicale originale, colorée et superbement interprétée. Sur scène les musiciens échanges des signes, des indications. On assiste à l’envol d’un groupe. Il n’était pourtant pas si évident sur le papier de faire cohabiter les riches univers musicaux de Benjamin Moussay, ici exclusivement aux claviers électroniques, et de Manu Codjia. Mais que ce soit en termes de sonorité ou de placement, ces deux-là s’entendent et s’écoutent à merveille, réussissant de surcroît à laisser la musique respirer.

S’il est composé de musiciens dont on connaît la propension à développer des univers personnels et à assurer leur rôle de soliste avec talent, Dragoon est avant tout une entreprise collective dirigée par Matthieu Donarier ; celui-ci a composé des mélodies qui se transforment aisément en riffs et se trouvent ainsi répercutées sous forme d’éléments rythmiques par les claviers ou la guitare ; Codjia et Moussay font de ces séquences mélodiques le socle de leurs interventions, manière intelligente de s’échanger les rôles de soliste et d’accompagnateur.

Dragoon © Christian Taillemite

Ce que cette formation a de fascinant, c’est justement la faculté qu’ont les quatre musiciens d’entremêler leurs jeux si bien que les fonctions rythmique, harmonique et mélodique ne sont plus clairement définies mais que chaque idée, chaque intention participe à la cohérence du son d’ensemble. Le saxophone de Donarier est la seule voix du quartet, mais l’artiste a l’élégance de ne jamais tirer la couverture à lui. S’il brille, c’est par sa pertinence et sa faculté de cheminer à travers les paysages sonores hallucinés que le groupe n’a de cesse d’inventer in situ, avec l’infaillible soutien rythmique de Christophe Lavergne.