Chronique

Mélanie Dahan Quartet

La princesse et les croque-notes

Mélanie Dahan (voc), Giovanni Mirabassi (p), Marc-Michel Le Bevillon (b), Matthieu Chazarenc (dm), Pierrick Pédron (as sur 5 et 9).

Label / Distribution : Cristal Records

Le jazz vocal est devenu un effet de mode, sans doute à cause d’une certaine culture musicale qui pousse de nombreuses personnes à considérer comme indispensable l’apport des paroles dans la musique. Heureusement pour elles, les jazzmen et jazzwomen transcendent les textes de la variété en lui apportant le swing, l’improvisation, des couleurs et des timbres spécifiques.

C’est exactement ce qui se passe dans le quartet de Mélanie Dahan, qui signe avec La princesse et les croque-notes un merveilleux hommage à ce que la chanson française a pu offrir de plus beau sur son versant masculin : Charles Aznavour pour « La salle et la terrasse », « L’enfant maquillé », « Je hais les dimanches », Georges Brassens avec, justement, « La princesse et le croque-note » et « Je me suis fait tout p’tit », Claude Nougaro (« Rimes ») ou Léo Ferré (« Les poètes »). N’oublions pas les reprises fidèles d’« À bicyclette » d’Yves Montand et du « Petit bal perdu » de Bourvil.

L’apport de l’écriture de Bernard Dimey, sur cinq titres, est essentiel . Il n’est d’ailleurs pas inutile de préciser que certains de ces auteurs célèbres ont tous, à un moment donné, entretenu de près ou de loin des rapports avec le jazz. Chaque chanson est traitée avec le plus grand respect et les paroles d’origine ne subissent aucune modification.

Pour l’accompagner, Mélanie Dahan a fait appel à des solistes expérimentés en la matière avec Giovanni Mirabassi au piano [1], Marc-Michel Le Bevillon à la contrebasse et Matthieu Chazarenc à la batterie. Comme si ce casting de haut vol ne suffisait pas, le saxophoniste alto Pierrick Pedron figure en invité sur deux titres.

Ce premier album de la chanteuse est une occasion originale de faire découvrir aux amateurs de chanson française ce que le jazz peut lui apporter de plus précieux : la faculté de transformer sans nostalgie de belles chansons françaises en véritables standards de jazz, un jazz subtil et élégant, tant dans le répertoire que dans l’interpération.

par Armel Bloch // Publié le 13 octobre 2008

[1Inutile de rappeler son attachement particulier à la chanson française.