Chronique

Meloblast

Funambul(e)

Thierry Jammes (tp, flh), David Sevestre (ts, as, ss), Stéphane Montigny (tb), Sébastien Janjou (g), Julian Petit (sousa), Vincent Martin (dms)

Label / Distribution : O Jazz

Réunion de six musiciens habitués à accompagner des artistes dans divers registres, du jazz en grand ensemble jusqu’à la variété, Meloblast est la preuve qu’Orléans est une ville mélomane, au delà du fameux Tricollectif. Bien sur, le saxophoniste David Sevestre, qui signe ici « New Bol » qui ouvre l’album a longtemps côtoyé les têtes pensante du collectif, mais le chemin pris par le sextet est différent. Avec cet orchestre primé lors de l’ultime édition du tremplin Orléans Jazz, on découvre une équipe fortement cuivrée. Un big-band de poche où le sousaphone de Julien Petit évite avec soin de limiter son propos à un soutien sans faille de la ligne rythmique.

Nous ne sommes donc pas en face d’une formation fanfaronne. Certes, « Vivement Lundi » est une démonstration de force des soufflants, mais ce n’est qu’une virgule de quelques secondes. Un clin d’oeil, presque. On appréciera dans « Stratosphère », composé par le trompettiste Thierry Jammes, l’appétence de Petit et du tromboniste Stéphane Montigny pour l’étrangeté de leurs growls profonds qui feront songer à autant d’esprits frappeurs. Ceux-ci ombrent un langage fluide et ample, ouvragé avec soin. Il y a dans ce premier disque une grande aisance dans la narration. Les morceaux très écrits ont des univers puissants, bien cernés par la guitare de Sébastien Janjou. Ce véritable pilier peut en un instant emmener ses amis vers des terrains plus volcaniques et inconfortables. C’est le blast de Meloblast, un nom définitivement évocateur du climat général.

Ainsi, dans « Blastic », la guitare couplée à la batterie puissante de Vincent Martin aspergent d’acidité rock les constructions des cuivres ; cette démarche, assez voisine de ce que proposait RockingChair n’est pas la seule référence assumée. L’excellent « Euh ! », belle composition de Martin qui a longtemps travaillé dans des orchestres contemporains, s’appuie sur des courts ostinatos nerveux bousculés par des explosions sporadiques révèlent d’autres influences, comme Radiation 10 par exemple. L’enthousiasme de ce jeune sextet ne demande qu’à être canalisé pour devenir encore plus efficace. L’effervescence de Funambul(e) nous confirme quoi qu’il en soit que Meloblast est une formation à suivre de près.