Chronique

Michael Kiedaisch Trieau

Siebensachen

Michael Kiedaisch (vib, marimba, kalimba), Eberhard Hahn (saxes, cl basse, fl), Mike Svoboda (tb)

Label / Distribution : Neuklang / Harmonia Mundi

Parmi les multiples polémiques qui se succèdent avec autant de régularité que, bien souvent, de vacuité, il en est une assez récente, née du côté d’une villa romaine selon laquelle il y aurait, entre les mondes du jazz et de la musique contemporaine, des parois étanches et un immense abîme hiérarchique.

Il faut écouter bien peu de musique pour avoir des avis aussi tranchés.

Prenez Siebensachen, le dernier disque du Michael Kiedaisch Trieau – oui, Tri-eau depuis leur premier disque, Water, il y a dix ans ; voila une musique que les petits malins catégoriques seraient bien en peine de classer.

La première écoute est jazz.
Les dialogues de souffle entre saxophone et trombone rendent un son familier aux oreilles des amateurs de musique improvisée.
Et puis, toujours du côté des plaisirs coupables de la musique légère : ces notes d’exotica qu’amène le marimba du leader et que renforce une flûte jouant les oiseaux des îles.

Et pourtant, et pourtant…
Dans cette musique se trouvent aussi les étirements de Morton Feldman, les microstructures emboîtables de Reich ou Glass.
Car Kiedaisch appartient aussi au monde de la musique dite sérieuse. Percussionniste classique, il peut se mettre au service d’une composition de Stockhausen ou diriger un festival de jazz.
Sa grande force, et celle de ce disque, est de ne jamais choisir, et de faire de cette indécision même une source inépuisable de plaisirs aussi savants que légers, à l’image de ceux de Vincent Artaud, auquel on pense parfois ici.
Impur donc, mais recommandé.
Très.