Chronique

Michael Mantler

The Jazz Composer’s Orchestra Update

Michael Mantler (comp, tb) ; Nouvelle Cuisine Big Band (orchestre) ; Bjarne Roupé ; Christoph Cech (lead)

Label / Distribution : ECM

Michael Mantler revisite une œuvre de jeunesse pour orchestre, et c’est l’occasion de goûter aux délices d’une finesse d’écriture pour grand ensemble dont on ne trouve que peu d’équivalents contemporains dans le jazz. On peut songer à son ancienne compagne Carla Bley ou, dans un genre très différent, à Anthony Braxton, Muhal Richard Abrams ou John Hollenbeck. C’est dire le niveau auquel il se situe.

Alors si l’équipe actuelle, le Nouvelle Cuisine Big Band, ne présente pas en ses rangs les membres prestigieux du Jazz Composer’s Orchestra qui jouait sur l’original de 1967 (Cecil Taylor, Don Cherry, Roswell Rudd, Pharoah Sanders, Larry Coryell, Gato Barbieri, rien que ça), le jeu collectif, les plans du meneur font qu’aucune baisse de qualité ne se fait sentir. De nouvelles nuances, des beautés inédites surgissent au contraire, du fait notamment d’une réécriture partielle de l’œuvre (ajout de cordes amplifiées électriquement et de nouvelles parties de guitare).
En somme, et pour filer la métaphore sportive, la prestation de l’équipe ne pâtit en aucune manière de l’absence de ses stars.

Michael Mantler, à la trompette lui-même, entame les débats en planant sur une fine couche orchestrale avant que d’amples et majestueux mouvements ne se mettent en branle, dans une gestuelle assez cinématographique par ce qu’ils charrient d’ambiance et de récits dans leurs transports.

Puis, à mesure que le disque se livre, devient évident, une nouvelle fois, le talent du compositeur. Cette maîtrise nécessaire pour que, sans faute de goût ni couture apparente, s’enchaînent les masses orchestrales colorées à la manière des grands Russes et les furieuses zébrures instrumentales issues du free. Ou encore, à l’occasion du redoutable « Update Six », dans les répétitions en tension entendues chez Glass, main dans la main avec un lyrisme de fanfare chaloupée digne de Lalo Schifrin.
C’est peut-être le seul, enfin, à pouvoir faire qu’une guitare électrique ne fasse pas l’effet d’une guirlande vulgaire et criarde quand elle bavarde au cœur d’un grand ensemble. Ce qui, en somme, chez beaucoup d’autres susciterait le scepticisme, chez lui force l’admiration.