Chronique

MikMâäk

Label / Distribution : De Werf

MikMâäk est l’extension grand format du collectif franco-belge Mâäk. Sous la direction artistique du trompettiste Laurent Blondiau et du saxophoniste Guillaume Orti, cette formation pour dix-huit musiciens donne à entendre une musique sauvagement orchestrée où chacun fait part de son enthousiasme et d’une sensibilité extravertie.

Restituant un concert donné à Bruges en 2015, ce double disque présente une succession de compositions signées de la main de quelques membres de l’orchestre (Fabian Fiorini, Yann Lecollaire, Pierre Bernard, Niels Van Heertum, Laurent Blondiau, Guillaume Orti, ) complétées par un pièce d’Andy Emler. La variété des signatures permet de traverser un grand nombre de climats qui ne vire pourtant pas au patchwork, le répertoire se resserrant autour d’un goût commun pour les esthétiques hybrides contemporaines.

MikMâäk mêle ainsi les influences d’un jazz issu du free dans lequel le swing apparaît éclaté comme au travers d’un prisme. Appuyé à la rigueur d’une écriture venue du contemporain, il déploie des plages aux durées inégales dans lesquelles le temps se remplit d’événements multiples. Jouant de la discontinuité ou d’une progressivité ascensionnelle, les constructions se trouvent striées de zébrures stridentes (magnifiques flûtes de Pierre Bernard et Quentin Manfroy) ou, au contraire, polies par la brillance des cuivres qui agitent l’ensemble comme une fanfare post-moderne.

A ce titre, le sousaphone de Michel Massot n’hésite pas à prendre la parole lors d’un solo vitupérant durant lequel il se heurte vertement au reste des pupitres qui s’enthousiasment de ce choc. Une des forces de cette machine est d’accorder à chacun de ses rouages autant de liberté que de contraintes. La pièce “Katsouine” (signée Claude Tchamitchian qui tient également la contrebasse sur cet enregistrement), en quatre mouvements, est, d’ailleurs le point de convergence où se réunissent, dans un lyrisme tragique, une émotion sincère et une mise en place impeccable.

par Nicolas Dourlhès // Publié le 15 avril 2018
P.-S. :

avec également Bart Maris, Jean Paul Estiévenart, Pascal Rousseau, Niels Van Heertum, Adrien Lambinet, Jeroen Van Herzeele, Bo Van der Werf, Grégoire Tirtiaux, João Lobo