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Luis Vina (ts, cl, Casio), Adrien Amey (as, bs), Gilles Coronado (g), Guillaume Dommartin (dm)

Label / Distribution : Vents d est

Luis Vina aime composer. Voici donc un disque de compositions de Luis Vina. On ne s’en plaindra pas, le leader, ici au ténor, aux clarinettes et au « Casio » ayant une plume moderne, peu avare de thèmes et motifs, certes abscons à la première écoute mais qui se révèlent assez insidieux à la longue.

Et puis, l’homme sait s’entourer. Le batteur issu de la scène rock Guillaume Dommartin a déjà sévi avec lui. Adrien Amey, ici aux saxophones alto et baryton, a connu comme lui les honneurs du concours de La Défense, avant de faire les beaux jours du Surnatural Orchestra et de collaborer occasionnellement avec le MegaOctet d’Andy Emler. On ne présente plus le quatrième homme, le guitariste Gilles Coronado, qui sait emmener son instrument dans le registre grave, rendant ici indolore l’absence de basse.

Certes, les influences sont là : cet « Oncle d’Amérique » ne serait-il pas Tim Berne, à qui le morceau pourrait bien emprunter un motif ? Dans cette œuvre urbaine au son mat et au mix très travaillé l’improvisation est présente à travers quelques solos courts mais forts, l’essentiel étant un travail de groupe. La présence de Coronado ajoute surprises et couleurs à une musique, riche en ostinatos et unissons qui - comme beaucoup de musiques - se rattachant à ce qu’on pourrait appeler l’« école Steve Coleman », est parfois un peu oppressante, voire monochrome, malgré des efforts évidents, dans l’agencement des morceaux, pour varier les climats.

Beaucoup de disques signés par de jeunes et brillants musiciens issus du rock y mêlent l’influence de ce dernier à des composantes plus jazz - ambition, importance de l’improvisation, maîtrise instrumentale. C’est le cas de ici. Pour illustrer cette esthétique, on pourrait aussi citer les brillantes réussites de Kumquat et DPZ. Il reste, au-delà de l’instrumentation (ex : la guitare électrique), du choix d’un mot unique comme nom de groupe, et de la recherche d’une énergie et d’un son puissants, à ne pas perdre en route ce qui fait l’esprit du rock : l’immédiateté et l’impact sensuel qui soulèvent les salles.