Chronique

Modern Art Orchestra Plays Béla Bartók

15 Hungarian Peasant Songs

Label / Distribution : BMC Records

Invité au long cours, presque ami de la famille, Dave Liebman ouvre d’un solo sage mais lumineux ces 15 Hungarian Peasant Songs du Modern Art Orchestra (MAO) du trompettiste Kornél Fekete-Kovács dans un « Rubato » où Balázs Cserta le rejoint au tárogató, un des instruments traditionnels inclus dans l’orchestre. Plus loin, le célèbre saxophoniste Mihály Dresch jouera du fuhun, un autre bois à anche double, dans un bel « Andante », puis naturellement viendra Miklós Lukács au cimbalom sur un très bel « Allegro »… Tant d’instruments que Bartók aura contribué à mettre en valeur dans son travail de collectage.

Que le grand orchestre hongrois s’intéresse au patrimoine de Béla Bartók, c’est naturel. Si la formation nous a plutôt habitués ces dernières années à investir un jazz assez traditionnel sur des arrangements luxueux, elle visite les partitions de Bartók avec le souvenir d’une grande culture classique, omniprésente mais largement ouverte. Pour s’en convaincre, il faut se plonger dans le magnifique « Scherzo » ou le cimbalom discute ouvertement avec la contrebasse de Adám Bögöthy qui magnifie l’écriture de Kristóf Bacsó. Ce dernier, toujours présent dans l’orchestre, est le facteur d’entropie du MAO qui bouscule la sagesse de Fekete-Kovács. Ce n’est pas anodin si c’est ce dernier morceau qui lance une « Ballad » qui reprend tous les thèmes et les variations, comme une célébration collective et lumineuse de Bartók

Les Old Dance Tunes qui font suite semblent plus libérées de l’écriture du maître. Certes, « Allegretto » avec le solo d’alto de Bacsó est bien soutenu par un confortable et luxueux coussin de trompettes, mais la suite se fait plus décharnée. Le piano de Gábor Cseke se fait contemplatif et rend à cette musique son aspect pastoral, loin de la puissance qu’un tel orchestre pourrait développer (20 pièces, sans compter les invités). On retrouvera celle-ci dans le mouvement suivant, bien cornaqué par Fekete-Kovács qui s’offre un solo joliment perclus d’électricité avant de laisser la place à son batteur László Csìzi, comme pour affirmer que le MAO se situe pleinement dans le jazz, ce que le disque tout entier martèle avec une certaine euphorie.

par Franpi Barriaux // Publié le 20 janvier 2019
P.-S. :

Kornél Fekete-Kovács (dir, comp, tp, flh), Kristóf Bacsó (ss, as, fl), Dávid Ülkei (as, cl),
János Ávéd (ts, fl), Balázs Cserta (ts, tárogató, corn, cl), Mihály Bajusznács (bs, bcl),
Ádám Gráf, Zoltán Bacsa, Gábor Subicz, Balázs Bukovinszki (tp, flh), Zoltán Varga,
Bálint Képíró (fh), Attila Korb, Gábor Barbinek (tb), Miklós Csáthy (btb), Péter Kovács (tu), Áron Komjáti (g), Gábor Cseke (p), Ádám Bögöthy (b), László Csízi (dms) + Dave Liebman (ts, ss, fl), Mihály Dresch (fuhun), Miklós Lukács (cimb), Veronika Harcsa (voc), László Gőz (btp)