Scènes

Monniot Mania à l’Olympic

Une grande fête des sons et des rires pour un groupe qui a atteint une sacrée maturité.


Monniot Mania sextet, Olympic Café - 26 octobre 2001.

Une grande fête des sons et des rires pour un groupe qui a atteint une sacrée maturité. Vite, on en redemande !

L’Olympic Café, un bar du côté de Barbès qui ne paye pas de mine vu de l’extérieur. Pourtant depuis deux ans, des spectacles audacieux y ont lieu régulièrement, Akosh S. ou Fantazio par exemple en sont de grands habitués. Christophe Monniot aussi, le 14 septembre dernier avec la Campagnie ou vendredi soir avec son propre groupe.

Qu’est ce que Monniot Mania au juste ? C’est un groupe cosmopolite, jubilatoire où règne le grand choc des cultures. Ne craignez donc pas de réveiller la fibre asiatique qui sommeille en vous, d’être happé par un reggae ou de danser sur des sons électroniques ! D’une musique libre, on passe à un funk détonnant, ou alors à des morceaux en forme de contes chevaleresques. Et puis, tout d’un coup, une mélodie qui vous tirerait les larmes des yeux.

Des coups d’essais aussi, pas forcément transformés, le groupe patauge parfois lors du premier set, Manu Codjia n’est pas vraiment dans le tempo, et on regrette qu’Emil Spany gâche une sublime mélodie par un bombardement de notes. Peu importe ils auront essayé de nouvelles combinaisons. Dans ce groupe on aime (se) surprendre, et c’est très bien comme ça.

Le deuxième set est prodigieux, le public ivre de bonheur ! En création mondiale, un morceau cartoonesque à souhait qui évoque Tex Avery ou le Fox Trot qu’il faut avoir entendu au moins une fois dans sa vie ! On rigole, on jubile sur scène. Christophe Monniot danse et se fait crooner de choc accoudé au piano, Denis Charolles plus fou que jamais, fait tourner le rythme sur ses différentes cloches et percussions de fortune, donne un solo dans une panière, ou « chante » Roxanne. On retiendra aussi Atsushi Sakai, la mascotte du groupe (à peine plus haut que son violoncelle !) dans un solo aux silences dosés !

Du rire et de la musique aussi. Le trombone de Kornazov (immense ce soir là), mélancodique, humoristique, pour mieux chanter le blues de tous les peuples ; les saxophones du leader, renversant sur un baryton hors de tous clichés. Aux deux extrémités de la scène, Spany sourit, joue de son sampler - on admire aussi son toucher original et rythmiquement impeccable sur un piano accordé l’année dernière ! Et Codjia donne enfin la pleine mesure de son immense talent dans un solo colérique et sonique. Jusqu’où va t’il aller celui là ?

A la fin du concert Monniot lance : « on va faire un peu de musique de bal…enfin ça fait deux heures qu’on en fait ». Bon résumé : de la musique « intelligente » pour danser… n’est ce pas l’un des principes originels du jazz ?

Dites, dites monsieur Monniot, à quand un disque ?