Chronique

Moritz Peter Quartet

Café Luz

Moritz Peter (ts, cl), William Chabbey (g), Emmanuel Chabbey (b), George Brown (dr)

Label / Distribution : Altrisuoni

La Suisse n’a pas apporté que le chocolat, les montres et les banques à l’Europe. Nos voisins helvètes peuvent en effet se targuer d’être les découvreurs du jazz sur le Vieux Continent grâce à Ernest Ansermet, les fiers hérauts du swing à travers Montreux, mais aussi les compatriotes de l’indomptable Daniel Humair !

Café Luz est construit autour de huit thèmes - la plupart fort jolis -, dont six de la plume de Moritz Peter, et deux par William Chabbey. Si « Muskatanuss », « Café Luz » et « Manu’s Blues » sont dans une veine hard bop, « Liquors Dream » et « Jeri » sont des bossa-novas. La « Valse à Tijuca » côtoie plutôt le style West Coast, « Theo » est une ballade et la « Valse à Jonathan », qui se laisse moins classer, est un morceau mélodieux et enlevé. Force est de constater que le répertoire du quartet est classique et varié.

Sur les tempos rapides, le jeu de Moritz Peter au ténor évoque Dexter Gordon - « Muskatanuss », « Manu’s Blues » -, voire le John Coltrane de Giant Steps, dans « Café Luz ». Sur les tempos plus lents, un soupçon de Stan Getz perce dans la sonorité du ténor, comme dans « Theo » ou « Liquors Dream ». Ses solos sont dynamiques et balancent agréablement, à l’image de « Café Luz » et de la « Valse à Jonathan ». William Chabbey, lui, s’inscrit clairement dans la lignée de Wes Montgomery, tant par la sonorité - « Muskatanuss » -, que par le phrasé - « Manu’s Blues ». Emmanuel Chabbey est un bassiste qui « porte » bien les solistes, aidé par un son grave et une walking bass efficace. Son unique solo, dans « Valse à Jonathan », est joliment mené. George Brown, quant à lui, est un batteur dans la tradition bop, d’une régularité sans faille, d’une efficacité certaine dans ses stop-chorus - « Valse à Tijuca » et « Muskatanuss » - et d’un professionnalisme évident, comme le montre son solo dans « Café Luz ».

Café Luz n’est pas un album pour les révolutionnaires forcenés, mais dans la grande tradition du jazz qui swingue et réjouit les amateurs de chabada, Moritz Peter et ses compagnons sont des valeurs sûres.