Chronique

Pablo Ablanedo Octet

From Down There

Jenny Scheinmann (vln), Avishai Cohen (tp), Anat Cohen (ts, ss, cl), Jerome Sabbagh (ts, ss), Juacho Herrera (g), Pablo Ablanedo (p), Fernando Huergo (b), Franco Pinna (d, perc), Julio Santillan (g), Katie Viqueira (voc)

Label / Distribution : Fresh Sound Records

Le pianiste argentin Pablo Ablandedo propose ici un album beaucoup plus axé sur ses talents de compositeur et d’arrangeur que de soliste. Une des choses qui frappent immédiatement, c’est l’interprétation du rythme. Bien que ce soit swinguant, bien que ce soit jazz, c’est une manière bien différente du swing américain - du swing argentin ? D’ailleurs, Phil Grenadier, trompettiste ayant joué avec ce groupe (voir notre chronique de Sweet Transients), m’a confié que « cette musique est bien difficile à jouer pour un gringo comme moi ! (…) Si j’arrête de compter, je n’arrive plus à retrouver le premier temps. » Cette spécificité culturelle, attrait majeur de l’album, provient sans doute de ce qu’Ablanedo intègre des musiques traditionnelles argentines (autres que le tango).

Autre attrait : la qualité des morceaux, des arrangements et des solistes, tout simplement. « Claroscuro », par exemple, présente des arrangements particulièrement réussis : un vamp espagnol hypnotique joué par la section rythmique est progressivement repris et développé par d’autres instruments qui ajoutent des contrepoints et participent à une accélération elle-même amenant un changement de métrique, le tout au service d’une mélodie assez forte. « Para Dejar » est marqué par une improvisation collective délicate et élaborée où les voix dominent brièvement ou s’expriment ensemble, sans céder à la facilité du volume ou de l’ego.

Les solistes principaux que sont Jérôme Sabbagh, Anat Cohen et Avishai Cohen (à ne pas confondre avec le bassiste du même nom) ont le grand mérite de rester ciblés et de développer vraiment la thématique d’Ablanedo, même lors des improvisations collectives. Une voix intéressante, raffinée et ouverte.